Le ténor du van beauceron conquiert les marchés étrangers

ÉCONOMIE. Le constructeur beauceron de motorisés et de remorques souhaite une croissance lui permettant de maintenir sa réputation et la qualité de ses produits.

Lorsqu’on arrive au village de Saint-Frédéric, il faut tourner sur la rue de l’Hôtel de Ville pour voir les trois hangars de fabrication de Safari Condo. Chacune des personnes que l’on voit à l’intérieur est affairée à la fabrication, devant un écran ou au téléphone.

Il y a de ces entrepreneurs qui démarrent par passion. Il y en a d’autres qui y goûtent et qui y restent. Daniel Nadeau, c’est le passionné. Dominique Nadeau, sa fille, a atterri chez Safari Condo, parce qu’on avait besoin d’elle et elle était bilingue.

Elle revient tout juste d’un voyage d’affaire en Allemagne où elle a rencontré ses fournisseurs et effectué une veille du marché et des compétiteurs. Curieusement, en Europe, les consommateurs recherchent davantage les plus gros véhicules. «Ce qui est tout le contraire d’ici», prévient Dominique Nadeau, directrice générale de Safari Condo.

L’entreprise de 110 employés existe depuis 1998. Safari Condo transformait déjà des habitacles de voyage avant même que les milléniaux ne soient nés. Mais la mode de partir à l’aventure avec sa douce ou son bien-aimé, au volant d’un van modifié, c’est bien eux qui l’ont popularisé.

Naviguez sur les comptes Instagram de ce monde et observez les photos liées au hashtag #vanlife et vous verrez de quoi il est question. «Du jour au lendemain, on a vu apparaît des compétiteurs qu’on ne connaissait pas», explique Dominique Nadeau.
Le 24 août, le Wall Street Journal a passé en revue cinq «tiny RV» dont un modèle de Safari Condo. Le réputé magazine The New Yorker a écrit le 24 avril un long article sur la mode bohémienne du camping-car. Cette tendance s’en va en accélérant.

C’est dans ce contexte que Safari Condo tente de se tailler une place dans ce marché en pleine croissance.
«Nous sommes une entreprise qui souhaite tout de même rester de taille familiale. Nous avons l’intention d’augmenter la cadence, mais à un rythme graduel», ajoute Mme Nadeau.

Safari Condo tient beaucoup à la réputation qu’elle s’est bâtie au cours des années. La qualité des matériaux, la finition et la durabilité ont fait sa marque. C’est pourquoi ses dirigeants ont choisi de construire une nouvelle usine, mais d’augmenter le nombre d’employés petit à petit. Ils en ajouteront d’abord 15, pour ensuite augmenter graduellement dans les quatre à cinq ans suivants pour atteindre 60. Les nouveaux travailleurs doivent passer au travers trois mois de formation. Cette rigueur les rend autonomes à toutes les tâches de la chaîne de fabrication.
L’objectif à court terme de Safari Condo consiste à réduire les délais de livraison qui sont actuellement de 14 mois. L’entreprise espère passer à 10 ou même 8 mois. «En ce moment, on aide nos compétiteurs. Il y a des clients qui vont voir ailleurs parce qu’ils ne peuvent attendre si longtemps», déplore Dominique Nadeau.

Daniel Nadeau, le visionnaire, attend avec impatience le moment où les délais seront suffisamment réduits pour tester un autre prototype qu’il tient secret.

Vente de pièces

Plusieurs demandes inattendues sont venues des bricoleurs qui souhaitent fabriquer leurs propres vans. Certains commandent en ligne, viennent chercher les pièces à Saint-Frédéric et fabriquent leur propre habitacle.

Exportation

Le modèle Alto est sans conteste le meilleur vendeur à l’international. Safari Condo écoule 45% de ses remorques luxueuses ailleurs qu’au Canada, alors que seuls 5% de ses vans traversent la frontière. La réglementation commerciale l’empêche de vendre des véhicules à moteur aux États-Unis.
Une remorque comme l’Alto permet donc de contourner cette difficulté. Elle possède les mêmes commodités que le van motorisé (douche-toilette, réchaud au propane, panneaux solaires, rack à vélo, etc.). Elle est détachable et assez légère pour être tractée par une berline bien cylindrée.

Safari Condo exporte aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le nombre d’Alto vendu dans ces pays est passé de 6 à 24 en quatre ans.

Altoiste

L’alto a pris deux ans de développement et un an de prototypage pour arriver au produit fini.

Le modèle a donné naissance à une flopée de groupes Facebook destinés aux «fans» de la remorque Alto. Il y a les groupes Alotistes, Les altoistes, altoiste cuisine, altoiste pets.

Lorsqu’on leur demande, pourquoi, ils l’ont choisi, ils affirment que la lumière des fenêtres en croissant de lune, sa petitesse lui permettant de la glisser sous la porte d’un garage, la légèreté, le châssis en aluminium et le service à la clientèle sont tous des éléments distinctifs.

Peut-être est-ce ça la réussite d’un produit: lors qu’il crée une communauté, une manière de vivre.