Le plus grand parc solaire du Québec pourrait être construit à Tring-Jonction
EXCLUSIF. Innergex évalue la rentabilité d’un projet de production d’énergie solaire de 50 MW au sud de la route 112, en Chaudière-Appalaches.
Innergex, une entreprise québécoise productrice d’énergie renouvelable, dont le siège social est situé à Longueuil, s’affaire depuis ce printemps à collecter des données sur trois propriétés de Tring-Jonction. «On explore les possibilités de produire de l’énergie solaire», confirme François Morin, Conseiller principal développement, partenariat, relation avec les communautés d’Innergex.
Phase préliminaire
Pendant environ un an, Innergex conduira des tests de radiation solaire, des études géotechniques, une évaluation de la capacité de branchement au réseau électrique et des inventaires environnementaux. Toutes ces données permettront d’imaginer des scénarios d’installation.
Long échéancier
Ces scénarios prouveront ou pas s’il est possible de produire de l’énergie à prix compétitif. Une fois cette partie terminée, Innergex devra trouver un marché où vendre l’électricité. Ce n’est qu’après ces étapes que le parc de 50 MW, qui serait l’un des premiers et des plus grands au Québec, pourrait être construit. «On croit qu’une certaine taille est nécessaire pour faire des économies d’échelle», est convaincu M. Morin.
Destiné à l’exportation
Tout ce processus est enclenché alors que les intentions d’Hydro-Québec ne sont pas de demander de nouveaux blocs d’énergie renouvelable. Innergex vise ni plus ni moins les contrats de livraison d’énergie en Nouvelle-Angleterre.
Dans les récents appels d’offres de fourniture d’électricité, certains de ces États ont donné un meilleur prix pour des blocs d’énergie solaire. «C’est le même électron qui voyage, mais il bénéficie d’une surprime.», explique M. Morin. L’incitatif de développer la filière solaire au Québec est donc là. Lorsque les producteurs d’énergie se bousculeront pour obtenir les contrats, cette prime pourrait favoriser Innergex.
Un appétit pour les énergies vertes
En janvier 2018, Hydro-Québec a signé avec le Massachusetts la fourniture de neuf térawattheures pour les 20 prochaines années. C’est le plus important contrat signé par l’entreprise d’État, depuis le début de ses exportations en 2000. Cette annonce récente est un son de cloche pour les producteurs d’énergie renouvelable. De réelles opportunités existent. L’appétit des voisins du sud pour de l’électricité propre se fait sentir.
Diversification de la production
D’une puissance installée nette de 1227 mégawatts en Amérique du Nord, Innergex croit que l’avenir de l’énergie renouvelable est dans le solaire. Après un premier parc photovoltaïque de 33 MW, lancé en 2012, à Stardale en Ontario, l’entreprise détient le contrôle sur deux sites au Québec, dont celui de Tring-Jonction. Innergex n’a pas révélé où était situé le deuxième.
Du solaire peu cher
Avec la diminution du coût des panneaux photovoltaïques et les améliorations de leur rendement, Innergex est convaincu qu’il peut produire pour un prix plus compétitif que les barrages hydroélectriques modernes.
La construction de La Romaine aurait coûté 6,5 cennes le kilowattheure. Innergex estime être capable de garder le coût de son parc solaire de 50 MW entre six à huit cennes le kilowattheure. «Notre objectif est de développer les projets les plus compétitifs. On pense que ce n’est pas pertinent d’en présenter des moins compétitifs que l’hydroélectricité», ajoute François Morin.
À l’avant-garde
Hydro-Québec a manifesté en juin 2017 son intention d’ériger un parc solaire de 100 MW, près de la frontière avec les États-Unis. Exception faite de cette annonce, Innergex est le seul joueur privé connu envisageant la production d’énergie solaire à grande échelle au Québec. «Il n’y en a pas d’autres. On est les premiers. Il y a 10 ans, Innergex a aussi été le premier à développer un projet commercial [celui de Stardale]», souligne M. Morin.
Tout est à faire dans ce domaine, à commencer par la détermination des contraintes environnementale. Même s’il ne voit pas le jour, «on va à tout de moins approfondir notre connaissance», commente M. Morin.
Pourquoi Tring-Jonction?
Trouver un terrain propice à l’accueil de milliers de panneaux photovoltaïques n’est pas une chose aisée. Pour être confortable, Innergex a besoin de 120 à 140 hectares pour la puissance installée projetée de 50 MW. L’entreprise a signé une option d’achat avec la Régie intermunicipale du parc industriel Beauce-Amiante. Elle détient donc la priorité sur la vente du terrain. Dans le rôle d’évaluation de Tring-Jonction, on peut voir que le terrain concerné, au sud de la 112, a une superficie de moins de 80 hectares. Deux autres propriétaires privés auraient également des ententes avec Innergex.
«On considère qu’il y a un bon potentiel à Tring-Jonction, question de constructibilité du site, l’orientation au sud, qu’il soit peu valorisé et qu’il n’affecte pas d’autres activités [agricoles], affirme M. Morin. On doit s’assurer que nos coûts fixes sont les plus bas.»
Un dernier élément clé de l’attractivité de Tring-Jonction est la présence d’un poste de transformation d’Hydro-Québec TransÉnergie à moins de deux kilomètres du site. Il est érigé depuis 2017, lors de la construction du Parc éolien Mont Sainte-Marguerite. Toute l’énergie du parc éolien s’y dirige avant d’entrer dans le réseau d’Hydro-Québec.
Élus emballés
Innergex a entamé des discussions très informelles avec les élus municipaux et le préfet de la MRC. «Ils sont au courant de nos ambitions. On reçoit des échos extrêmement favorables. Ils sont assez excités de faire partie des régions pionnières», exprime François Morin.
Le développeur soutient qu’il suivra le principe d’acceptabilité sociale et est prêt à échanger avec la population locale. Innergex n’aurait pas à présenter son parc solaire à la Régie de l’Énergie du Québec, parce que l’électricité est destinée à l’exportation.
«Dans l’éventualité qu’il se concrétise, le projet sera soumis à l’examen des études d’impact sur l’environnement, qui prévoit qu’il y a aura un BAPE si pertinent», a précisé la directrice des communications d’Innergex, Karine Vachon. Tring-Jonction est son seul projet de développement en Chaudière-Appalaches. L’entreprise est notamment propriétaire du barrage au fil de l’eau des Chutes-de-la-Chaudière et de la rivière Sud à Montmagny.
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