Le nombre d’élections partielles en hausse

MUNICIPAL. Les plus récentes données du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) montrent que 33 élections partielles ont été nécessaires en Chaudière-Appalaches en 2022, alors que la dernière élection générale dans les municipalités date de novembre 2021.

De ce nombre, qui ne comprend pas celles toujours en suspend ou annoncées récemment, on remarque que trois élections partielles visaient à combler un poste de maire et que plus d’une élection a été nécessaire dans quatre localités.

Certaines personnes impliquées dans les milieux municipaux dénoncent depuis un certain temps le fait que la gestion des municipalités devient de plus en plus lourde et d’autres estiment qu’elle davantage contraignante.

Président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers fait lui aussi ce même constat. « Souvent, on ne cible qu’un élément, mais quand on regarde de plus près, on constate qu’il y en a plusieurs. Le premier vient du fait que plusieurs postes n’avaient pas été pourvus la première fois, alors les municipalités ont dû tenir des élections pour les combler. Un autre élément non négligeable vient du fait que des gens constatent l’ampleur de ce que ça exige comme travail. »

L’administration municipale: de plus en plus complexe

Cette lourdeur de la tâche semble d’ailleurs s’alourdir avec le temps, en raison de la complexité du volet administratif et d’autres contraintes. « Si les gens veulent arriver prêts à un conseil municipal, c’est beaucoup de temps. Dans certains cas, ça peut être familial et dans d’autres, c’est la disponibilité pour celles et ceux qui occupent encore un emploi. »

L’arrivée des réseaux sociaux a toutefois ajouté une pression additionnelle sur les élus municipaux et le personnel des municipalités, constate M. Demers. « Quand les choses vont bien, personne n’en parle, mais si un irritant survient, la critique est très rapide et souvent sévère. Personne n’aime se faire rabrouer et les gens ne donnent pas du temps pour ça. »

Autre élément a semblé devenir davantage courant au cours des dernières années, celui des conflits d’intérêts potentiels, notamment pour les gens en affaires. La FQM continuera de dénoncer la rigidité de certaines législations actuellement en vigueur sur le sujet, affirme Jacques Demers. « Le propriétaire d’une entreprise se retrouve, du jour au lendemain, à ne plus pouvoir proposer ses services à sa propre municipalité, s’il se présente en politique municipale, même s’il est le seul de son milieu à proposer le service. La pandémie nous a amenés à parler d’achat local, on veut protéger nos services de proximité dans nos villages et en même temps, on ne peut les supporter. Il y a quelque chose qui doit être revu. »

Du mouvement

Directeur général de l’Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ), Marc-André Pâlin, remarque un important roulement chez les administrateurs dans les municipalités. Si un certain mouvement est normal, il y a toutefois lieu de s’en inquiéter, à son avis. « Nous avions levé le drapeau jaune en 2019. Nous avons 1 200 membres chez nous, provenant de 911 organisations, principalement des municipalités de 5 000 habitants et moins. De ce membership, 600 personnes nous avaient indiqué prévoir quitter pour la retraite d’ici les cinq prochaines années, donc 2023. Il y a finalement eu 670 départs depuis. »

M. Pâlin ajoute même que 240 personnes font maintenant partie de celles qui prendront leur retraite dans les cinq prochaines années.  En plus du roulement normal, c’est majeur. La complexité du domaine municipal par les lois et les exigences incitent des gens à quitter la fonction. « C’est ce que l’on entend comme raison souvent. Les rôles que ces gens-là doivent assumer sont nombreux. Greffier, trésorier, président d’élection, responsable de la gestion contractuelle, coordination des mesures d’urgence. C’est la même personne qui doit porter tous ces chapeaux. Ça devient complexe. On demande au DG d’être généraliste, alors que les domaines d’expertises sont nombreux et maitriser tout ça n’est pas simple. »

Le domaine municipal, change et se complexifie, avoue M. Pâlin qui observe lui aussi que la venue des médias sociaux est une autre variable non négligeable dans l’équation. « La pression s’est diversifiée. Si les gens se présentaient autrefois au conseil une ou deux fois par mois ou au bureau municipal, aujourd’hui c’est l’instantanéité. Il y a une pression et des attentes bien différentes maintenant. Il y a une mauvaise connaissance des citoyens qui voit plus grand le champ d’intervention des municipalités aussi. »

À la FQM, Jacques Demers remarque que de plus en plus de temps est consacré à répondre aux citoyennes et aux citoyens. « On remarque que davantage de temps est consacré à traiter des demandes d’accès à l’information. Le temps qu’un ou deux employés travaillent sur ce type de tâche, ils ne peuvent consacrer leur temps à autre chose. C’est important de répondre aux gens, mais ça exige du temps. Ce n’est qu’un exemple des exigences d’une administration municipale. »

Le rapport Perreault, publié en 2015, proposait plusieurs pistes de solutions pour alléger l’administration municipale. « Il y avait plein d’exemples de choses tangibles qui auraient pu être faites, sauf qu’on n’en a pas suffisamment fait et on a toujours l’impression que c’est à recommencer. On impose toujours de nouvelles règles à tout le monde, aussitôt qu’un irritant survient quelque part. »