La sous-exploitation de la ressource par manque d’organisation

FORÊT. La forêt beauceronne n’est pas valorisée à son plein potentiel, au contraire d’autres régions du Québec.

Avec la fin imminente de la pitoune de quatre pieds en 2018, les propriétaires de forêts de la Beauce devront diversifier leurs revenus. La commercialisation de produits forestiers non-ligneux (PFNL), tels que les champignons ou les plantes médicinales, pourrait faire partie de la solution. Les obstacles sont cependant nombreux pour arriver être rentable ou faire connaître les produits au public.

Michel Roy en sait quelque chose. Il a suivi et été un acteur des projets pilotes lancés par l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB). Depuis 2005, l’Association offre à ses membres des formations sur les plantes médicinales et comestibles et les champignons. Ils ont même sorti en 2010 un guide intitulé «Trésors des boisés de Beauce-Etchemin», aujourd’hui épuisé.

«Au plan plus local, il y a eu des expériences pilotes avec les têtes de violon et les chanterelles. Nous en vendions localement au IGA de Saint-Georges, mais on n’en faisait pas nos frais. Avec le contrôle de la qualité, la présence d’un vendeur sur place qui propose des recettes, c’était très demandant», explique Michel Roy, Directeur des communications de l’APBB. «Nous vendions des têtes de violon à un distributeur du Nouveau-Brunswick et un autre dans les Bois-Francs, mais le coût de transport était trop important.»

Sirop de bouleau

L’APBB a aussi traduit «Birch sirup production manual», une bible d’information sur le sirop de bouleau. En 2010, ils ont organisé la mise en marché avec Gourmet Sauvage, mais les producteurs ont par la suite fait directement affaire avec les acheteurs et l’APBB a fini par se retirer.

Champignons sauvages

Avec son entreprise, Chapeau les Bois, François-Xavier Fauck se rend toutes les semaines durant la saison à Saint-Georges, Beauceville et ailleurs. Il s’approvisionne directement auprès des cueilleurs. «Le profil des cueilleurs n’est pas toujours reluisant. Il n’y en a pas beaucoup de sérieux et professionnels.» Il y aurait seulement 15 cueilleurs sérieux en Beauce.

L’APBB a tenté de servir d’intermédiaire dans la mise en marché des champignons. Ils ont investi dans une balance et un employé s’occupait du contrôle de la qualité. Pour payer le transport et la manutention, elle percevait 7 à 8$ le kilo. L’initiative a par contre déraillé, comme le sirop de bouleau. «Je crois que si l’APBB avait laissé le même prix que j’offre aux cueilleurs, ça l’aurait été plus judicieux. Ils n’auraient pas fait directement affaire avec moi, explique François-Xavier Fauck. La clé est le paiement au cueilleur.»

Autres obstacles

Michel Roy croit que l’une des difficultés à développer ce marché tient du fait que le territoire est divisé. «Les cueilleurs ont à payer des redevances, contrairement à la forêt publique. Certains propriétaires sont aussi réticents à voir des gens d’ailleurs venir sur leurs terrains.»

François-Xavier Fauck admet que la Beauce est moins développée et moins bien organisée que d’autres régions comme le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Mauricie ou Charlevoix. «Les Beaucerons sont plus individualistes. Ils aiment faire leurs petites affaires dans leur coin. Toutes les autres régions ont pourtant des coopératives. Ils ont plus de cueilleurs et ils sont mieux formés.»

Chanterelle

La chanterelle est l’un de ses champignons qui poussent en abondance dans la Beauce. Quand on aperçoit son petit chapeau de couleur orangée, il n’est pas rare de trouver de belles talles pouvant constituer un bon volume. François-Xavier Fauck les achète entre 17 et 24$ le kilo, dépendamment de la qualité. Il en sort environ une tonne toutes les saisons, mais il serait possible d’en sortir quatre fois de plus, selon lui.

MAPAQ

Michel Roy estime qu’en matière de champignons, il y a toujours un danger: «Un jour il y aura un accident et les exigences volontaires du MAPAQ deviendront obligatoires.» C’est l’une des raisons qui fait croire que le regroupement des cueilleurs est inévitable. 

Retour du ginseng

Un nouvel engouement pour la culture du Ginseng sous couvert forestier s’est récemment manifesté. Des formations se sont données en février dernier. «Plusieurs ont essayé la culture en champ dans le passé et ça a été désastreux. Les Asiatiques recherchent une racine qui a l’apparence d’un humain. Celle produite au Québec ressemblait à des carottes.»

Des formations sur les plantes médicinales auront lieu à l’APBB le 4 août et le 6 septembre, ainsi que sur les champignons le 26 août et 9 septembre.