La réforme des taxes foncières fait l’unanimité: c’est une aberration!

La réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA), annoncée par le ministre de l’Agriculture Pierre Paradis, engendrera des coûts énormes auxquels le gouvernement n’a pas songé selon la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Des membres de l’organisation ont rencontré la presse le mardi 20 décembre dernier à Sainte-Marie pour faire part de leur mécontentement et appréhensions.

« Il (le ministre Paradis) veut faire des modifications sans prendre le temps d’analyser les impacts », est outré Paul Doyon, président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches.

Mentionnons qu’actuellement, le PCTFA prévoit un crédit de 100 % des premiers 300 $ de taxes municipales, taxes scolaires et autres. À cela s’ajoute un crédit de 70 % de la somme des taxes qui dépassent les premiers 300 $ et un crédit de 85 % sur la portion de la valeur des terres agricoles qui dépasse 1814 $ l’hectare. Mais, à partir de 2017, ces modalités seront remplacées par un taux uniforme de 78 % et excluront complètement les taxes scolaires.

Au congrès général de l’UPA le 1er décembre dernier, M. Paradis avait annoncé que ces changements n’affecteraient qu’environ 1% des producteurs, lesquels subiraient une augmentation annuelle de 113 $ en moyenne. Or, en faisant appel à une firme externe (Raymond Chabot Grant Thornton), l’UPA a plutôt remarqué une hausse moyenne de 752 $ pour plus de 80 % des producteurs. « Le gouvernement a annoncé ça comme une réforme à coût neutre, mais c’était à coût neutre pour le gouvernement… », est cynique M. Doyon.

Plus incisif encore, il qualifie le comportement du ministre de « toxique », et estime que les producteurs devraient pouvoir compter sur quelqu’un de sérieux qui a à cœur le développement de l’agriculture. « Si on fait le bilan de ses réalisations, il y a pas mal plus de trucs qu’il a “scrappés” que de choses qu’il a construites. Je pense qu’il n’a pas beaucoup d’intérêt pour la “job” qu’on lui a confié. »

Des producteurs contrariés

Pour Jean Lambert, un producteur bovin et avicole de Saint-Nicolas, la hausse à venir représente une augmentation de 747,72 $. « Ce n’est pas une augmentation qui fait qu’on ne se rendra pas à Noël, mais c’est la goutte qui s’ajoute à d’autres choses », a-t-il commenté, d’avis que le ministre est « entêté sur sa position »

« L’augmentation mérite d’être discutée », a appuyé Esthelle Charest, qui possède une ferme laitière à Saint-Lambert-de-Lauzon, et dont la réforme coûterait 853,74 $ supplémentaires en 2017.

Ainsi, si le ministre de l’Agriculture continu à aller de l’avant, un bon nombre d’agriculteurs sont prêts à couper l’accès de leurs terres aux motoneigistes et aux quadistes, ce qui mettrait en péril l’économie récréotouristique un peu partout au Québec. « Quand t’es rendu aux menaces, c’est parce que ça a dérapé partout », a soulevé Michel Bonneau, maire de Saint-Anselme et touché par le dossier. Celui-ci croit également que les changements annoncés n’aideraient pas les producteurs à investir dans leur économie locale.

Il est à noter que parallèlement, la Fédération québécoise des municipalités, la Coop fédérée, la Chambre de commerce régionale de la Chaudière-Appalaches, les Producteurs de grains du Québec ainsi qu’une trentaine de municipalités appuient d’ores et déjà les revendications de l’UPA. On demande donc au gouvernement de reporter d’un an tout changement au PCTFA et de réunir les intervenants concernés pour trouver des solutions durables au régime foncier agricole.