La cabane à sucre contre le cancer

SANTÉ. Yvon Lacasse a trouvé le réconfort de sa maladie dans la construction de la cabane à sucre de ses rêves.

Beauce Média l’a rencontré début novembre alors que les feuilles d’érables étaient toutes tombées. Un téléphone cellulaire à l’oreille, marchant les 100 pas, rien ne pouvait prédire que cet homme de 73 ans recevait de la chimiothérapie. «Le traitement que je prends depuis septembre est plus agressif», dit-il. Il lève sa casquette et révèle une peau lisse, sans cheveux. À l’Hôtel-Dieu de Lévis, où il se rend toutes les trois semaines,  on lui donne six sacs solutés complets de liquide.

On lui a diagnostiqué un cancer des ganglions dans les mois qui ont suivi l’achat de son érablière en décembre 2013. «Je n’ai jamais eu de Winnebago. J’ai été seulement deux fois dans le sud. Ce cadeau, c’était le mien», justifie-t-il. Après avoir tenté d’acheter son voisin pendant 15 ans et visité sept érablières, il a finalement convaincu un agriculteur de Saint-Isidore de céder sa terre de la route Saint-Jacques.

Trois ans d’aménagement

L’enthousiasme de M. Lacasse est si vif qu’il faut rester attentif lorsqu’il énumère les améliorations qu’il a conduites dans son érablière. Après le passage de l’ingénieur forestier et une première opération aux ganglions, M. Lacasse et quelques membres de sa famille ont bûché et aménagé le bois. «Nous avons sorti 60 à 70 cordes de bois et 165 billots à l’été 2015», décrit-il.

L’été suivant, en 2016, ils érigent une cabane à sucre à l’architecture ancestrale, mais à la fine pointe de la technologie acéricole. En tout et partout, M. Lacasse estime avoir investi 200 000$ dans une érablière qui n’avait strictement rien au départ.

Première récolte de sirop

Il a enfin pu, au printemps 2017, remplir sa cabane à sucre, d’une riche odeur de sirop d’érable.

Au même moment, son cancer est revenu en force. On lui diagnostique des lymphomes au ventre. Du jour au lendemain,
sa rémission s’est transformée en chimiothérapie intensive.

Une mince consolation est survenue avec les résultats du concours du meilleur sirop de la Commanderie de l’Érable. «La cabane à papy», le nom de son érablière, a remporté la médaille de bronze.

Une vie à courir

Vendeur de semences, producteur de porcs, juge pour l’Ordre national du Mérite agricole, il s’est rarement arrêté. M. Lacasse a travaillé des heures impossibles toute sa vie. «J’étais l’un des plus redoutés dans les expositions. Tandis que les autres buvaient de la bière, je saupoudrais mes cochons de poudre à bébé», sourit-il.

Ses dernières années passées à la cabane, Yvon Lacasse a réappris un rythme de vie moins effréné. «Je viens ici avec un petit lunch et j’ai la grosse paix. Je marche. Je regarde les feuilles tombées. Je connais mes érables quasiment par cœur», confie-t-il.