Hausse des bris par les animaux sauvages dans les érablières en 2017

ACÉRICULTURE. Les dindons sauvages s’ajoutent à liste des prédateurs de tubulures.

Voir aussi: Prédateurs de tubulures et Perceuse à plume

Tout a commencé par une publication sur les réseaux sociaux. Un homme a demandé: «ce sont des morsures de quoi pensez-vous?» Sur l’image, un tuyau noir est transpercé de trous.

Les gens ont spéculé rapidement sur l’identité de l’agresseur de plastique. Certains ont pointé du doigt le pic-bois, d’autres ont avancé un ours comme responsable. «Je suis allé voir les commentaires et je ne crois pas que c’est un ours», répond Denis Lacasse, un acériculteur de Honfleur.

Denis Lacasse parle d’expérience. Il a passé une journée complète à boucher les trous de ses «main» (conduites principales reliant la cabane aux autres plus petits tuyaux), les collecteurs (chaque érable possède un collecteur), et les tuyaux. 5/16e de pouces. «Je n’ai jamais vu ça. J’ai bouché environ 75 trous», s’exclame Denis Lacasse.

hausse des bris en 2017

Le phénomène n’en fera pas sourciller beaucoup. Les propriétaires d’érablière rencontrent souvent des conduites endommagées par les animaux sauvages. Le printemps 2017 semble toutefois faire exception. «Cette année est pire que les autres. Je pense que c’est dû à un manque de nourriture. J’en ai parlé à d’autres acériculteurs et ils ont le même problème», décrit Denis Lacasse. >

Écureuils, pics-bois, ratons laveurs, chevreuils et même des ours grignotent parfois les veines de plastiques. «?Ça revient tous les ans, mais il y a des années pires que d’autres?», estime Francis Lessard, président du Syndicat acéricole Appalaches Beauce Lotbinière. «Parfois, c’est incroyable. Les animaux sauvages peuvent endommager plusieurs centaines d’entailles.»

Dindon: nouveau prédateur de plastique

Les dindons sauvages s’ajoutent à la liste des espèces prédatrices de tubulures. «On commence à avoir des problèmes avec les dindons. Ils s’attaquent aux tuyaux 5/16e de pouces.
En un seul coup, ils percent de leur bec. C’est surprenant», explique Francis Lessard. Les dindons sont de plus en plus chassés en Chaudière-Appalaches. Le nombre de prises dans les zones 4 et 7 (Ouest de C.-A.) témoigne de l’augmentation fulgurante de cette espèce.
En huit ans (2008 à 2016), le nombre de prises est passé de 23 à 769 dans la zone 4 et de 0 à 881 dans la zone 7. «Plus la population va augmenter, plus ce seront des problèmes qui vont se manifester dans les érablières», ajoute Francis Lessard du Syndicat acéricole.

Moins d’eau d’érable

Une baisse de rendement attend les acériculteurs si ces comportements nuisibles continuent pendant les coulées d’eau d’érable. Chaque trou peut signifier moins de sirop d’érable. «La réparation comme telle ne coûte pas très cher.
C’est le temps pour faire les réparations et la perte d’eau que ça occasionne sur le réseau qui sont les principales conséquences. Le coût est difficile à chiffrer?», juge Francis Lessard. «Si ça continue comme ça, on va devoir peut-être commencer à les abattre», avoue Denis Lacasse, même s’il ne souhaite pas en venir à cette alternative.

Prévention

«Il n’y a pas vraiment de façon de prévenir ce problème. On place notre équipement en forêt sur leur territoire. Il est normal que ça arrive», explique Joël Boutin du Club d’encadrement technique acéricole des Appalaches.
«Les acériculteurs n’ont d’autres choix que de remplacer leurs tuyaux.» Les érabliers (propriétaire d’érablière) ne sont pas toujours obligés d’inspecter tout leur réseau de tubulure. Une montée de pression négative indique qu’il y a certainement une fuite quelque part. «Une inspection visuelle tous les deux jours à la grandeur d’une érablière va prévenir ces tracas», conseille Francis Lessard.