Est-ce la fin de l’enfouissement?

Il ne reste qu’une dizaine d’années de vie au site d’enfouissement de Saint-Lambert-de-Lauzon. Il serait possible de l’agrandir, mais l’idée ne ferait pas plaisir à ses concitoyens et ça ne règlerait la situation que temporairement. Alors, son maire François Barret se demande: « On fait quoi après? »

Afin de répondre au problème, ramasser les déchets existants et même en tirer profit, M. Barret s’est tourné vers l’entreprise 3R Synergie. Celle-ci lui a présenté un projet de « Centre intégré régional de traitement de matières résiduelles ultimes », qui fonctionnerait selon le procédé de gazéification à haute température développé par la compagnie Thermoselect.

Charles Moreau, président de 3R Synergie, a expliqué que ledit procédé ne produit aucune émission (pas de cheminée), ni rejet aux égouts, et remplace totalement l’enfouissement en recyclant et réutilisant absolument tous les déchets.

Il informe qui plus est que depuis 1999, l’usine Thermoselect située à Chiba au Japon traite jusqu’à 100 000 tonnes de matières résiduelles par année. « Avec cet exemple, on a du concret, on a de l’expérience! », est confiant le maire Barret.

Du côté de Saint-Lambert, la municipalité accueille annuellement plus de 45 000 tonnes de résidus (incluant ceux de la ville de Lévis). Le site d’enfouissement lambertin renferme aussi 2,5 millions de tonnes de déchets, en plus des entreprises délinquantes du territoire qui empilent des quantités phénoménales de résidus sur leurs terrains. « De la matière première, on en a en réserve », a-t-il ajouté.

Cher mais profitable

Construire une telle usine représente un investissement de 300 M$. « Oui, il faudra investir, mais on est rendu là. Si on respecte notre planète, c’est ça qu’il faut faire », a commenté François Barret.

Mais, l’usine serait surtout extrêmement rentable, car elle produirait de nouvelles matières premières, dont de la laine de roche, du verre liquide et de l’éthanol. « Le projet est éprouvé au Japon et serait facile à financer. Plus qu’environnemental, il faut le voir comme un projet de développement économique. »

« Ce projet structurant est porteur d’une solution exportable à l’échelle de toutes les régions du Québec, du Canada et de la Terre et deviendra un outil incontournable pour réaliser les objectifs nécessaires de réduction de gaz à effet de serre. […] Saint-Lam­bert-de-Lauzon deviendra alors la vitrine mondiale qui montrera la route à suivre aux autres villes de la planète », est pour sa part enthousiaste Charles Moreau.

À cette heure, l’initiative serait coincée dans les rouages du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui traiterait le dossier comme s’il s’agissait d’un projet d’incinérateur. Au moment d’écrire ces lignes, le ministère n’avait pas encore retourné les appels du Beauce Média.

Par contre, le Conseil des maires de la MRC Nouvelle Beauce appuie d’ores et déjà le projet, tout comme la Fédération Québé­coise des Municipalités, Développement économique Nouvelle-Beauce et la Table Régionale des Élus de Chaudière-Appalaches. « Le projet est très avancé, il ne reste que de la mise en place à faire. J’ai 74 ans. Je rêve de l’inaugurer pour mes 80 ans! », a lancé M. le maire.