Deux femmes d’exception en région

CONFÉRENCE. Nancie Allaire, directrice générale, et Isabelle Patry, première médecin recrutée à Saint-Joseph par la Coop Santé, partagent leur parcours.

La Chambre de commerce et d’industries de Saint-Joseph-de-Beauce a invité deux femmes de la Coop Santé Robert-Cliche à décrire leur parcours, lors du déjeuner-conférence du 25 octobre.

La pénurie de médecins de famille n’épargne aucune région du Québec. Comprendre le parcours de la Coop Santé et les raisons qui ont poussé une jeune diplômée de l’Université Laval à choisir Saint-Joseph-de-Beauce est d’autant plus important que plusieurs autres médecins prendront leur retraite au cours des prochaines années à Beauceville.

«Je n’ai jamais eu de difficulté à consulter un médecin. Mon travail était accommodant, mais je me disais: "ça ne doit pas être évident pour les gens qui travaillent sur une chaîne de production"», se rappelle Nancie Allaire. Bien que 89% des gens de Chaudière-Appalaches avaient un médecin de famille en 2007, la MRC Robert-Cliche était déjà en déficit de neuf médecins et elle perdrait la moitié des omnipraticiens à la retraite d’ici cinq ans.
«On m’a envoyé en mission au Japon pour en apprendre sur leurs coopératives de santé, qui fonctionnent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», explique Nancie Allaire.
À son retour, l’administratrice met en branle l’idée de fonder une Coop de santé. Des années plus difficiles l’attendent même si «tout le monde avait confiance au projet», décrit Nancie Allaire. C’est alors que le projet de la construction d’une coop à Saint-Joseph prend son envol en 2011 avec le don de 10 ans de loyers gratuit et la construction de la clinique par l’entrepreneur Louis Jacques.

«Il n’y a personne qui aurait eu la motivation de venir dans une clinique pas construite», fait valoir Mme Allaire.
Aujourd’hui, la Coop Santé compte 11 médecins, dont 6 à Saint-Joseph et 10 000 patients, sous son aile. «On souhaitait protéger les médecins afin qu’ils ne sentent pas cette pression [du manque de médecins de famille].»

La docteure qui a du «guts»

Isabelle Patry avait du torque dès un très jeune âge. Elle montre, lors de sa conférence, l’image d’elle avec de la crème à raser sur les joues et une autre avec un pied dans le plâtre à balayer le plancher. «J’allais à une vitesse éclaire et je me suis cassée le fémur à l’âge d’un an», rigole-t-elle.

Le cursus universitaire de la docteure a duré 14 ans. Alors qu’il lui restait un an en kinésiologie, elle entame le programme de physiothérapie, mais ne le termine pas et entre en médecine. Elle a été physiothérapeute pour le Rouge et Or football, à 22 ans. Étant femme dans ce milieu, Isabelle Patry a dû faire sa place. Pour illustrer, elle a conté l’anecdote d’un jeune joueur qui l’avait sifflé. Elle lui a dit: «Je pense qu’il faut que tu ressortes et que tu rentres et que tu me salues. Il faut tracer nos propres limites de ce qui est acceptable. C’est très d’actualité d’ailleurs.»