Des couvertures de lit à la haute technologie

ÉCONOMIE. Le fabriquant de géotextile se repositionne en force un an après sa vente. 

Texel est le principal employeur de Saint-Elzéar et l’un des plus importants de Sainte-Marie. L’entreprise contribue depuis un demi-siècle à la prospérité économique de la région et ce n’est pas pour demain que le siège social déménagera, du moins, ce n’est pas ce qui se dégage des discussions que Beauce Média a entretenu avec ses dirigeants et employés.

Arrivée au terrain de baseball de Saint-Elzéar le 19 août, on ne pouvait manquer l’ambiance de fête qui y régnait avec la musique, les quatre «food-trucks» et les jeux gonflables. Une courte averse mit un terme aux activités extérieures et les 450 personnes se sont regroupées sous le chapiteau. Si on m’avait demandé de deviner qui étaient les employés et qui parmi la foule dirigeaient l’entreprise, je n’aurais pas été capable de les distinguer. C’est sans doute ce qui fait la force d’une entreprise comme Texel: la capacité de former un groupe uni au sein d’une plus petite communauté.

Des représentants de la famille Chassé, les fondateurs, et les frères Drouins, copropriétaire avant la vente de 2016 au groupe Lydall se sont déplacés pour l’occasion.  Aujourd’hui, Texel compte 325 employés dans ses trois sites de fabrication et son centre de distribution. 

«Avoir de la reconnaissance chaque fois qu’on en a l’occasion. C’est ce qui fait la différence, dit Guy Bérubé, actuel directeur général de Texel. C’est une vraie communauté.»

Les employés de longue date ont vu l’entreprise progresser vers une plus grande mécanisation du procédé de fabrication de la fibre non tissée. Certains d’entre eux, tel que Denis Laplante sont là depuis 44 ans. «Ça toujours été une bonne relation entre les employés et les cadres. Il n’y avait pas vraiment de barrières», dit Robert Couture, un employé qui a connu presque tous les postes. Il a d’abord commencé opérateur, pour ensuite gagner de l’expérience et devenir chef d’équipe et s’occuper de la production, jusqu’à revenir opérateur. «La technologie a beaucoup évolué. Aujourd’hui, plusieurs tâches autrefois manuelles, comme l’emballage, sont maintenant robotisé», souligne le résident de Saint-Elzéar, Robert Couture. Il avoue d’emblée que cet esprit de «gang», cet attachement, sera de plus en plus rare.

Un an après la vente de son entreprise, Guy Drouin, 58 ans, est toujours confiant que Texel est entre bonnes mains au sein du groupe du Connecticut, Lydall. «L’équipe de direction est jeune et dynamique. Il y a un renouvellement. La volonté d’amener la compagnie ailleurs, à un autre niveau, n’était plus là du côté de mon frère et moi», explique M. Drouin. Texel est donc passée d’une compagnie privée d’une valeur de 100 M$ à une entreprise publique de 700 M$. «Lydall offre plus d’opportunités et un important levier à l’international», explique M. Drouin. Depuis la vente son ex-dirigeant est à la retraite au lac Saint-François. «C’est sûr que je m’ennuie des gens», avoue-t-il, lui qui a été à sa tête depuis ses 30 dernières années.

«L’entreprise appartient aux employés. Je sais que ça peut paraître cliché, mais les gens protègent Texel. C’est la compagnie du village», a ajouté M. Drouin.

Sa fondation

Texel était d’abord une filiale de l’entreprise Chassé qui fabriquait des couvertures de lits à ses tout débuts, dans l’ancienne filature Chassé. «Le tissu manquait de souplesse. Les clients boudaient le produit», explique Gilbert Chassé. C’était à la suite d’une exposition d’équipements industriels à New York qu’est venue l’idée de confectionner un matériau non-tissé.

Dès 1969, l’entreprise a dirigé ses activités dans la fabrication de feutres, entre autres, pour l’industrie de la chaussure et a acquis rapidement de grandes parts de marché dans ce secteur. En 1975, l’entreprise est devenue le premier fabricant canadien de membranes géotextiles.
Voyant la difficulté à percer ce marché, les Chassé ont par la suite mis l’emphase sur le côté industriel des géotextiles. «Notre premier contrat, nous l’avons eu de l’entrepreneur qui avait obtenu le contrat du Boulevard Dufferin-Montmorency. C’était la femme du directeur des ventes de l’époque qui a présenté le produit à Saint-Laurent», raconte Gilbert Chassé. Il se rappelle qu’il n’aurait jamais réussi à donner bonne qualité au produit sans l’aide précieuse du Dr Drolet de l’École Polytechnique de Montréal. «On est bien fiers. C’est l’aboutissement d’une vie de travail après tout», ajoute Gilbert Chassé

Défi de la main-d’œuvre

Comme toute la région, Texel s’en ressent beaucoup en ce qui a trait au recrutement. Nombreux sont les postes d’opérateurs à pourvoir. La perspective qu’offre Lydall sur le long terme est de prendre de l’expansion à l’international et pour ce faire, Texel devra trouver le talent qu’il lui faut pour progresser. Dale Barnhart, président-directeur général de Lydall, a fait le voyage du Connecticut pour rencontrer l’équipe de Texel. «La qualité du personnel est vraiment importante pour nous et pour la croissance future de l’entreprise», a-t-il dit. «C’est ce qui est important pour nous: la communauté à l’intérieur de l’entreprise. Texel occupe une place unique au Canada et elle a avec nous de vastes opportunités de croissance», a ajouté Dale Barnhart.