Des citoyens « enclavés » par les travaux
TRAVAUX. Un groupe de citoyens de Sainte-Hénédine déplore la façon de faire des autorités et les aménagements réalisés dans le cadre de travaux de réfection de la rue Principale dans cette localité.
Une bonne portion de la rue, située au cœur du village, est fermée à toute circulation, même si les travaux sont au beau fixe en plein cœur des vacances de la construction. L’espace touché regroupe plus d’une vingtaine de propriétés, pour près d’une centaine de résidents de tous âges.
Pour certains d’entre eux, les détours nécessaires peuvent représenter une vingtaine de kilomètres. « Pour des parents dont les enfants fréquentent le camp de jour ou font partie d’équipes de sport, c’est plus d’un aller-retour par jour », fait valoir une citoyenne.
Une personne âgée qui demeure à moins d’un kilomètre de la barricade indique ne pas pouvoir faire son marché à l’épicerie locale. « Je ne peux pas aller chercher mes sacs d’épicerie à pied. Pour avoir des timbres, j’envoie un chèque au bureau de poste qui me renvoie mes timbres par la malle. »
Ces citoyens déplorent aussi que le seul passage possible à l’intérieur du périmètre urbain soit chez un citoyen et qu’aucune assurance ne couvre les risques. « Si on ne peut faire autrement, c’est possible, sauf que l’entrepreneur et la municipalité se dégagent de toute responsabilité », précise une citoyenne.
Le barrage érigé du côté Est du village l’a été sans que les résidents n’en soient informés, déplorent nos intervenants. La partie fermée aurait pu être plus restreinte, estiment d’autres. « À la dernière séance du conseil municipal, ils ont adopté une résolution autorisant la fermeture de la rue Principale et de la route Sainte-Thérèse durant les travaux, mais avec circulation locale sans véhicules lourds. C’est écrit mot pour mot dans le journal municipal. »
« Dimanche dernier (24 juillet), une ambulance a dû rebrousser chemin pour emprunter l’un des détours suggérés. Heureusement, ce n’était que pour se positionner à l’église en couverture de territoire, parce que celui de Sainte-Marie était à découvert. Ils n’étaient pas au courant de la fermeture de route et aucun protocole n’avait été établi. S’il y avait eu un appel à ce moment-là, il y aurait sûrement eu des conséquences. », raconte un citoyen.
Ce qui fait dire à un autre résident que les services d’urgence sont devenus à risque. « S’il y a un incendie majeur, généralement l’entraide peut venir de plusieurs localités. D’un côté de Sainte-Claire, Saint-Anselme et autres, puis de l’autre de Sainte-Marguerite, Scott ou Saint-Isidore. Dans le contexte actuel, même les pompiers de Sainte-Hénédine ne pourront avoir accès rapidement au feu. Pour les ambulances, c’est aussi problématique et même pour la Sûreté du Québec, si elle devait intervenir rapidement. »
Des solutions ?
Naturellement, chacun a sa propre opinion des choses et la plupart les responsables auraient dû prévoir des voies de contournement, à tout le moins pour les résidents concernés, insistent ces citoyens. L’utilisation de signaleurs ou une simple barrière cadenassée, dont les résidents auraient eu la clé ou un système avec une carte magnétique, aurait permis d’éviter bien des désagréments, ont suggéré d’autres personnes. « Présentement, on se chicane avec nos transporteurs qui livrent notre matériel. Ils ne veulent plus venir, parce qu’ils doivent faire les détours imposés, même si l’accès à certains commerces est toujours possible », explique-t-on.
Pour un des résidents touchés, aménager différemment les choses aurait donné du répit à bien des gens. « Surtout qu’il n’y a pas de travaux pendant les deux semaines de la construction, ça aurait donné un souffle aux commerçants du village et à tout le monde. Nous en avons proposé des solutions, sauf que nos suggestions ont été reçues d’une drôle de manière et qu’on s’arrange », qu’ils nous ont dit.
L’impact pour les commerçants de la localité est évident, selon eux. « Certains de nos commerçants ont une bonne partie de leur clientèle des villages avoisinants et certains davantage. La route Ste-Thérèse relie plusieurs localités en plus d’être une voie importante pour le transport », indique une citoyenne qui mentionne qu’environ 200 camions lourds y circulent quotidiennement, selon des informations transmises à la population en séance publique.
Le groupe de résidents souhaite donc une solution rapidement, surtout pendant les épisodes où il n’y a pas de travaux. « Il faut qu’on rétablisse la circulation locale. Il faut que les véhicules d’urgence aient accès rapidement. Il y a plusieurs personnes âgées dans le secteur et il faut que la logique revienne à plusieurs niveaux », partagent-ils en guise de conclusion.
Un mal nécessaire
Le maire de Sainte-Hénédine, Yvon Asselin, comprend les doléances de ses citoyens, mais indique que les choix ont été faits d’un commun accord avec l’entrepreneur. « Nous sommes maîtres d’œuvre des travaux, mais la décision finale revient à l’entrepreneur. Nous avions deux choix. Soit de fermer la route complètement, ou de laisser une voie de contournement par le développement Chabot. Elle a été disponible un certain temps, mais il passait du monde de partout, malgré les barricades. On nous a demandé si nous souhaitions prendre la responsabilité des choses qui pourraient survenir et nous avons dit non. »
Il ajoute qu’une voie existe pour les services d’urgence, celle de l’entrepreneur justement. « Il n’y a rien de parfait. Une route est fermée à Sainte-Marie, même pendant les vacances. Un pont est fermé à Sainte-Claire et les gens vandalisent la signalisation. C’est facile de dire qu’on ne fait pas un bon travail. On ne peut plaire à tout le monde. »
Il explique que la situation actuelle est un mal nécessaire. « Ça fait cinq ans qu’on attend après ce projet-là. Il y a eu des bris d’eau très souvent, encore l’automne dernier. Les tuyaux sont finis. Nous sommes en train de les remplacer, il faut que les gens nous donnent une chance. Ça ne fait pas l’affaire de tous. De l’autre côté des barricades, des transporteurs doivent faire les détours pour se rendre à destination et on le sait, ça coûte des sous. Il faut être patient. »