De premiers arrosages en Chaudière-Appalaches

FORÊT. La région Chaudière-Appalaches est l’une des deux nouvelles régions du Québec qui feront l’objet d’arrosages aériens en 2023, pour protéger les plantations d’arbres touchés par l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, l’autre étant l’Abitibi-Témiscamingue.

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a choisi de reconduire son programme de protection des investissements sylvicoles contre la tordeuse, en y ajoutant 20 M$ supplémentaires sur deux ans pour permettre à la Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM) de poursuivre ses efforts visant à protéger ces investissements.

L’insecte indésirable frappe aux portes de la région depuis quelques années déjà. Des observateurs avaient décelé sa présence à Notre-Dame-du-Rosaire, près de Montmagny, à l’été 2020. Ainsi, 1 300 hectares de forêt dans la région feront l’objet d’arrosage au cours des prochaines semaines. Ces arrosages aériens, en forêt publique et privée, ont pour objectif de maintenir en vie les arbres touchés en préservant au moins la moitié du feuillage annuel des essences vulnérables, soit le sapin baumier et l’épinette blanche, particulièrement.

Biologiste au ministère des Ressources naturelles et des Forêts, Pierre Therrien précise que les arrosages auront lieu à l’extrémité nord-est de la région, soit Saint-Damase, Tourville et Sainte-Perpétue. « On ne sait pas quand exactement quand se feront ces arrosages, ça dépend des conditions météo. Le développement des insectes en dépend. L’an dernier, cela s’était fait au début de juin, mais ça peut varier de quelques semaines. »

Sous contrôle ?

Celui-ci ajoute que la prolifération de la tordeuse a diminué dans certaines régions, dont la Côte-Nord et le Bas-St-Laurent. Cela ne veut toutefois pas dire que la partie est gagnée. « Ça n’indique pas une fin d’épidémie et ça n’a pas freiné la progression en Chaudière-Appalaches. La progression vers l’ouest est plus lente en raison des vents dominants. Les papillons volent et sont entrainés par le vent. Ça va encore progresser en Chaudière-Appalaches, mais possiblement plus lentement qu’ailleurs. »

Il y a quand même 34 320 hectares touchés en Chaudière-Appalaches, indique M. Therrien qui estime qu’il est trop tôt pour prédire des dégâts chez certains peuplements. « C’est un débordement de ce l’on voit au Bas-St-Laurent. Nous n’avons encore rien vu dans Bellechasse ou la Beauce, mais il y aura possiblement de la défoliation un jour, sans pour autant qu’il y ait de la mortalité chez des peuplements. Sur le sapin, la mortalité apparait après 5 années de défoliation modérée ou grave, tandis que c’est un peu plus long chez l’épinette. »

Parmi les mesures de prévention, l’arrosage n’est pas la seule. Des interventions sylvicoles, des coupes préventives et la coupe des peuplements déjà prêts. « L’arrosage est une mesure de grande épidémie et vise à protéger les peuplements qui sont à risque », ajoute M. Therrien.

Depuis deux ans, les survols aériens effectués par le ministère démontrent une diminution de l’étendue des dommages annuels dans certaines régions, dont le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord. Il est cependant encore trop tôt pour conclure à la fin de l’épidémie dans ces régions. Malgré une baisse des dommages observée dans certaines régions, le ministère a jugé nécessaire de commencer des arrosages aériens dans deux régions où l’épidémie continue de progresser, soit l’Abitibi-Témiscamingue et la Chaudière-Appalaches.

Il faut rappeler que la tordeuse se trouve en permanence dans les forêts du Québec, même en l’absence d’épidémie. La densité des populations de l’insecte augmente graduellement pour atteindre le stade de l’épidémie tous les 30 à 35 ans.