Couvoir Scott: un prix initiative responsable
AGROALIMENTAIRE. Le Couvoir Scott vient de recevoir le tout premier Prix initiative responsable lors du 60e congrès et assemblée générale annuelle de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC) qui avait lieu le 16 juin dernier.
L’initiative du Couvoir Scott s’est démarquée par son caractère hautement innovant, par la valorisation de l’expertise des ressources à l’interne, et la volonté d’identifier de nouvelles avenues dans la gestion d’une problématique récurrente: la gestion des résidus organiques générés par le couvoir de façon à rendre le processus plus durable, a estimé le jury.
Directeur des fermes de reproduction au Couvoir Scott, Jérémy Lavoie y voit une avancée bénéfique autant au niveau environnemental qu’économique. « Ce que l’on a réussi à faire, c’est de transformer un déchet qui nous coûtait de l’argent en une source de revenus potentielle. C’est aussi une chose qui peut être applicable à toutes les entreprises agroalimentaires. »
Il y a deux ans, la direction a confié à deux employés le mandat d’évaluer la problématique et de voir comment tirer bénéfice de la haute valeur nutritionnelle de ces matières. En collaboration avec une chercheuse universitaire spécialisée en entotechnologie, l’équipe a créé un projet pilote dans lequel les résidus organiques sont transformés de façon écologique par des larves de mouches soldats noires.
Le procédé est plutôt simple, explique M. Lavoie. « On réutilise une ressource en la donnant à une larve de mouche qui elle s’en nourrirait dans la nature. Si on pense à une carcasse animale sur le bord de la route, les premières à s’en nourrir seront les mouches. On ne fait que reproduire le modèle qui est présent dans la nature, mais dans un environnement contrôlé qui nous permet ensuite d’arrêter la croissance des larves au moment opportun, avant de les remettre dans l’alimentation animale. »
Cette solution répond aux préoccupations environnementales puisqu’elle requiert peu d’énergie, vise à réduire la production de déchets et s’inscrit dans le concept d’économie circulaire. L’initiative répond également à des enjeux sociétaux, telle que la gestion des odeurs liées au transport ou au traitement des résidus organiques agricoles.
Travailler avec des déchets de l’industrie animale est peu courant, observe M. Lavoie. « Nos compétiteurs travaillent généralement avec des déchets de l’industrie végétale, contrairement à nous. Nous avons aussi réussi à développer un processus de fermentation qui fait que nous sommes capables de réduire à presque rien le pathogène nuisible. Le traitement de nos larves ensuite vient assurer qu’il ne reste rien. »
La direction a fait preuve d’une belle application des principes de gouvernance en déléguant l’analyse de la problématique aux employés et en leur donnant carte blanche au niveau des pistes à envisager. De plus, tout indique que l’initiative pourra être reproduite à plus grande échelle et adoptée dans d’autres sites d’élevage, conclut le jury dans sa décision.