Congrégation de Notre-Dame: départ des religieuses après 200 ans
COMMUNAUTÉ. Après 200 années de présence à Sainte-Marie, la Congrégation de Notre-Dame quittera définitivement le territoire de la Nouvelle-Beauce le 27 juin prochain, alors que les deux dernières religieuses déménageront du côté de Québec.
Sœur Hélène Talbot, 91 ans, et sœur Colette Arsenault, 81 ans, sont les deux dernières représentantes de la congrégation qui a surtout œuvré en éducation. « Étant donné les circonstances, santé et autres, on a fait le choix de déménager et de se rapprocher des services », explique sœur Colette qui voit malgré tout d’un bon œil le déménagement vers le Domaine Mahonia. « D’autres religieuses et des laïcs habitent déjà à cet endroit », indique sœur Arsenault qui ajoute que des religieuses de la congrégation ont aussi œuvré à Saint-Elzéar.
Le départ des deux religieuses de Sainte-Marie coïncide avec le 200e anniversaire de la présence de la congrégation dans la région, mais celui-ci aurait pu survenir avant, avoue sœur Arsenault. « C’est parce que sœur Hélène avait le désir vivre le bicentenaire à Sainte-Marie, c’était symbolique », ce que confirme la principale intéressée.
Une page d’histoire
L’histoire de la congrégation dans la région a débuté en 1823, alors que deux religieuses sont arrivées et ont fondé la mission de Sainte-Marie. « Elles étaient très jeunes et à ce moment-là, elles bâtissaient elles-mêmes avec l’aide des gens du milieu. Elles transportaient des pierres et construisaient. C’est après qu’a débuté leur travail auprès des enfants du primaire », explique sœur Arsenault qui enseignait au secondaire et a aussi travaillé en pastorale auprès de la communauté.
Sœur Talbot explique que les deux religieuses avaient été invitées par le curé du temps, ce dernier ayant demandé à la Supérieure générale d’avoir des religieuses pour enseigner aux filles. « À l’époque, les religieuses enseignaient aux filles au couvent et les frères aux garçons au collège. Elles sont restées quelque temps au presbytère, le temps de construire le couvent », rappelle sœur Arsenault qui précise que le bâtiment en question abrite aujourd’hui l’Hôtel-de-Ville de Sainte-Marie.
L’institut familial a ensuite débuté ses activités dans la région autour des années 50, jusqu’à l’arrivée de la polyvalente Benoit-Vachon à la fin des années 60, poursuit sœur Talbot qui est originaire des îles de la Madeleine. « On recevait des pensionnaires de différents endroits. Il y en avait de partout. De l’Abitibi, de la Côte-Nord, des Îles-de-la-Madeleine. Elles arrivaient chez nous après de la 9e année. Elles faisaient ensuite quatre ans et ça les préparait à l’enseignement des différents niveaux, aux cours d’infirmières et autres. »
« J’ai été la première agente de pastorale nommée par le Diocèse de Québec dans la région. J’ai travaillé pour la catéchèse et l’animation de différentes activités, comme les rencontres pour les couples. Je me suis beaucoup plu là-dedans », avoue-t-elle.
Sœur Talbot, qui pour sa part est originaire de Saint-Agapit, s’est aussi longtemps impliquée au sein des organismes communautaires de la région, ayant notamment été au cœur de la formation du Groupe Jonathan qui accompagne les gens devant composer avec le deuil et ceux ayant eu un diagnostic de cancer.
Une mission constante
La communauté a souligné, au cours des derniers jours, le départ des religieuses de la région. La paroisse Sacré-Cœur-de-Jésus et la Ville de Sainte-Marie ont tenu à le faire, à leur façon, ce qui réjouit les deux dames. « C’est comme si nous avions quelqu’un qui nous succédait, c’est très gratifiant. Cette succession de la foi, prendre en main la suite et devenir des missionnaires nous rend très heureuses. Nous partons avec une certitude que le milieu a apprécié cette continuité de la mission éducative sous plusieurs angles ».
Les deux religieuses estiment avoir accompli ce qu’elles souhaitaient faire, même si une mission comme la leur n’est jamais vraiment complétée. « Je pense que nous n’avons jamais fini. Il y a toujours du travail à faire. Mission accomplie peut-être, dans le travail ou les activités, mais dans la prière, nous n’oublions pas le milieu qui a été important pour nous. Nous avons beaucoup d’amis ici et c’est notre famille », indique sœur Talbot.
Il est vrai que les religieuses ont été de toutes les situations vécues par les Beaucerons, à travers le temps. « Notre famille s’est élargie avec le groupe d’appartenance que nous avions et les gens nous ont soutenus énormément lors des inondations. Ils ont été extraordinaires dans leur dévouement. Depuis 1984, chaque année, nous préparions le sous-sol pour éviter d’être incommodées par les inondations. Il faut que les gens sachent à quel point nous sommes reconnaissantes », renchérit sœur Arsenault, en guise de conclusion.