Complexifier

IMMIGRATION. La prochaine réforme fédérale des programmes de travailleurs étrangers fait craindre à un recruteur l’alourdissement des démarches.

Si les Québécois ne souhaitent pas le travail dans les champs, pourquoi le Gouvernement canadien rend-il le recrutement international plus difficile?

Cette question me revenait sans cesse à l’esprit après la rencontre à Saint-Isidore avec Julio César Morales et Alain Jacques. Ces deux hommes font partie d’Arimé, une société qui accompagne les agriculteurs dans le recrutement de travailleurs saisonniers et temporaires.
Arimé existe depuis quatre ans. Elle s’est construite pour répondre au besoin grandissant d’expertise en immigration. Son travail consiste à démêler l’entrelacs des programmes fédéraux qui s’avère de plus en plus complexe. «Ça n’ira pas en s’améliorant. On s’attend à une réforme majeure des programmes. Ce qui rendra le recrutement plus difficile», explique Alain Jacques.

Deux passerelles de recrutement existent et les exigences et conditions de chacune sont différentes. Il y a le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), par lequel les ressortissants de tous les pays peuvent appliquer, et le Programme de travailleur agricole saisonnier (PTAS), où seuls le Mexique et les pays antillais y ont droit.

Depuis l’an passé, il n’y a pas de limites quant au nombre de travailleurs pouvant venir au Canada par l’un ou l’autre programme. «Le gouvernement rend le processus très lourd pour décourager l’utilisation des programmes», estime Alain Jacques.

Non-sens économique

Inutile de dire que le manque de main-d’œuvre frêne la croissance des industries, particulièrement dans la région de Québec (ajouter à ça: le travail dans les champs, personne n’en veut). Arimé est la première à voir le non-sens économique de l’orientation que pourrait prendre le fédéral. Bien qu’aucune annonce n’ait été faite à ce sujet jusqu’à maintenant, Ottawa a l’intention de définir son orientation d’ici la fin 2017.

Bienfaits

Les bienfaits économiques des travailleurs étrangers sont aussi de ne pas créer de chômeurs canadiens saisonniers. À la fin des récoltes, ils retournent dans leur pays d’origine, en plus d’avoir créé une valeur ajoutée dans les fermes du Québec.

Dans tous les cas, l’employeur paie le transport et le logement. Environ 75% de leur salaire hebdomadaire, qui est jusqu’à cinq fois supérieur à celui de leur pays, revient à leur famille. Il s’agit de retombées directes pour ces travailleurs qui ont presque tous des enfants à leur charge.

Processus

Six à huit mois sont nécessaires pour compléter la centaine de pages de paperasse, trouver le travailleur, prouver que l’employeur n’a pas réussi à combler le poste par un Canadien, et faire inspecter leur logement une fois par année. Il faut compter 1800$ d’investissement par travailleur et environ 10% d’entre eux ne parviennent pas jusqu’au bout de la démarche pour une raison ou une autre.