Cette semaine, comment on fera pour payer l’épicerie?

CONSOMMATION. S’habiller, se loger se nourrir. Si ces préoccupations sont le lot de tous, elles sont encore plus prenantes pour les familles dont la marge de manœuvre financière est bien mince.

Cette semaine, comment on fera pour payer l’épicerie? Cette question, avance Luce Lacroix, directrice de la Maison de la famille Nouvelle-Beauce, des familles se la posent constamment. Habituées de vivre en mode de survie, l’annonce de la hausse du panier d’épicerie pour 2016 ne les a pas nécessairement fait ciller. Pas encore du moins.

Cependant, il y a des indices qui ne trompent pas. À peine les congés des Fêtes terminés, la Maison de la famille a reçu, à sa première journée de réouverture, quatre nouvelles demandes de participation aux cuisines collectives. Ce programme permet à une cinquantaine de familles de concocter entre 3000 et 3500 portions de nourriture chaque année et de trouver là une façon d’économiser avec l’achat de denrées en gros.

L’organisme a également vu la pauvreté gagner la région en 2015. Le nombre d’appels de la part de personnes se retrouvant en détresse financière a bondi de 50 %, rapporte Luce Lacroix.

Les enfants d’abord

À la lumière d’une analyse effectuée par l’organisme, une famille composée de deux adultes et de deux enfants dont le salaire hebdomadaire atteint 681,90 $ après déductions dispose de 76 $ par semaine pour faire l’épicerie. «Ça se fait, mais au détriment des adultes parce qu’on privilégiera d’abord les enfants.»

À l’ACEF (Association coopérative d’économie familiale) Appalaches-Beauce-Etchemins, le directeur François Décary abonde dans le même sens. «Les clients déjà spécialisés dans l’art de ne pas dépenser ont une marge de manœuvre tellement négligeable qu’il ne faut pas que ces gens cassent leurs lunettes.»

Oui, la hausse du panier d’épicerie est inquiétante, poursuit M. Décary. «C’est un poste budgétaire élastique. Après les frais fixes ou presque fixes, (logement, chauffage et téléphone), le reste est consacré à manger. Mais souvent, le portefeuille n’est pas épais. Tout cela a des répercussions sur la santé et la qualité de vie.»

Et pour Luce Lacroix, une personne en manque de nourriture devient moins performante. « La capacité de réfléchir n’est plus là. Ce qu’on a en tête, c’est juste la faim. »