Ambulances supplémentaires: Sainte-Marie oubliée?

SANTÉ. Malgré qu’elle soit considérée comme l’une des zones prioritaires par le CISSS de Chaudière-Appalaches, le ministère de la Santé n’a pas octroyé de ressources ambulancières supplémentaires à Sainte-Marie.

«C’est un du peu n’importe quoi, commente Jean-François Gagné, représentant en relation de travail à la Fédération des employés du préhospitalier du Québec. S’ils avaient utilisé des paramètres stables, il y aurait déjà des véhicules la nuit. Ils profitent de l’ignorance des gens.»

Le 29 mars le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a que partiellement pris en compte les recommandations du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches.

Les trois zones ambulancières jugées prioritaires par le CISSS étaient Sainte-Marie, Saint-Flavien et Lévis. Ils ont alloué des ressources supplémentaires à Saint-Flavien et Lévis, mais pas à Sainte-Marie. «Nous n’avons qu’un pouvoir de recommandation. C’est le ministère qui prend la décision finale», explique Mireille Gaudreau, porte-parole du CISSS de Chaudière-Appalaches.

À la question, pourquoi Sainte-Marie n’a pas bénéficié elle aussi de ressources supplémentaires, le MSSS nous a répondu par courriel: «les ajouts de véhicules ont été faits là où cela s’avérait nécessaire. Là où l’utilisation des ambulances atteignait le seuil de 28 h d’occupation par semaine (168 h). […] Le taux d’occupation et le nombre de transports annuels font partie des éléments qui sont analysés.»

Cette dernière réponse explique mal le fossé entre le CISSS et le ministère de la Santé. «[Sainte-Marie] est hyperachalandé. Ils ont  peut-être oublié qu’il y a deux compagnies ambulancières», tente Jean-François Gagné.

Les données du Centre d’appel d’urgence et celles de Dessercom indiquent toutes que le nombre d’heures sur les horaires de faction à Sainte-Marie est supérieur au seuil mentionné de 28 heures. De plus, encore une fois, le scénario du printemps 2017 se répète. Des secteurs comme Armagh et Lac-Etchemin ont été choisis malgré qu’ils soient moins prioritaires que Sainte-Marie.

«Les chiffres récoltés ne concordent pas avec les ajouts octroyés par le ministère. Nous aimerions obtenir plus de transparence de la part du MSSS et comprendre de quelle façon les priorités sont calculées. Toutefois, nos demandes de rencontres sont ignorées», a communiqué Maxime Laviolette, directeur général de Dessercom.

Explications possibles

Est-ce une décision politiquement motivée? Quelles données ont-ils prises en compte?

Jean-François Gagné suggère une autre explication. «À plusieurs de ces endroits, nous avons déposé des griefs au Tribunal administratif du travail. Ils ont peut-être senti qu’ils étaient au pied du mur juridiquement», dit-il.

Au moment même où le président du regroupement des paramédics de la Beauce, de Bellechasse, des Etchemins et de la région de l’Estrie (TASBI), Christian Duperron, était en discussion avec des représentants du ministère de la Santé, l’annonce est apparue, un peu de nulle part. Il n’est pas prêt à dire que la décision a été motivée politiquement. «Mais c’est bizarre», ajoute-t-il.