Acte terroriste à Sainte-Foy: les «radios-poubelles» pointées du doigt
Dans la foulée de l’acte terroriste qui a fait six morts dans une mosquée de Sainte-Foy, à Québec, les «radios-poubelles» de la Vieille Capitale ont été rangées au banc des accusés par des citoyens sur les ondes de BLVD 102,1 et du FM93. Une situation prévisible, a jugé André Arthur sur l’heure du midi.
Animateur de l’émission du matin à BLVD 102,1, Stéphane Gasse a partagé lundi le récit d’un témoin des événements. Selon lui, «on doit vraiment tirer des leçons sur ce qui s’est passé», a-t-il mentionné en dénonçant la haine portée et entretenue par les «radios-poubelles» de la ville de Québec à l’égard des musulmans.
«La haine, que chaque jour les radios-poubelles de cette ville, contre les musulmans, les amalgames qu’ils font et tous les stéréotypes qu’ils [entretiennent] dans leur radio ou dans certains journaux. Il faut que ça arrête. Il y a des vies humaines derrière cela.»
Le témoin racontait qu’il n’avait vu qu’un seul tireur ravager la mosquée. «Heureusement, il est venu après que la prière soit terminée. Il frappait tout ce qui bougeait. Il vidait son arme. À un certain moment, il n’avait plus de munitions et il a dit: ‘‘J’en ai assez tué’’ et il est parti.»
Couché à plat ventre, le monsieur était encore bouleversé d’avoir le sang d’un camarade sur lui. «Je suis sur le choc et la colère. Nous croyions que nous étions dans une ville sécuritaire, un pays sécuritaire. Malheureusement, ce n’est pas le cas. C’est une ville [dont] nous allons parler dans le monde entier.»
«J’ai déjà entendu sur votre radio ‘’Je suis tanné des Musulmans’’»
Sur les ondes du FM 93, une citoyenne a obtenu la ligne dans la tribune de Sylvain Bouchard, animateur de Bouchard en parle.
D’entrée de jeu, elle a spécifié être bouleversée par les événements, en remerciant M. Bouchard de lui donner la parole, même si elle a ouvertement dit ne pas être une auditrice de la station.
Puis, les deux parties se sont mis d’accord sur quelques points, notamment qu’il est déplorable que la ville de Québec ait été visée, un lieu que les touristes ont toujours considéré comme étant sécuritaire. «Deux personnes sont venus nous enlever cela», a lancé l’animateur vedette.
La femme a ensuite lancé un message aux auditeurs : «Je souhaite m’adresser à mes concitoyens québécois. Regardez la personne qui a un nom arabe comme un citoyen d’abord. Je ne suis pas musulmane, je suis d’abord une femme. Avant d’être une femme, je suis un être humain. Si vous me regardez comme cela avant d’être une musulmane, ça va changer progressivement.»
Une affirmation totalement approuvée par M. Bouchard, qui a répondu : «Les six victimes d’hier, ce sont six musulmans, mais nous devons dire que ce sont six Québécois.»
Avant de raccrocher, la femme a insisté pour y aller d’une dernière envolée oratoire: «J’ai déjà entendu sur votre radio : ‘‘Je suis tanné des Musulmans’’», a-t-elle dit, sans dévoiler l’identité de l’auteur de ces présumés paroles. Après vérification, il s’agit de Jean Tremblay, le maire de Saguenay, le 14 novembre 2016.
Immédiatement, Sylvain Bouchard a rétorqué: «Non, je vous arrête. C’est ce que je ne veux pas faire ce matin. Ce n’est pas grave. Il y a de l’émotion. Je ne lui en veux pas.»
André Arthur fait le bilan d’une «diarrhée de mots»
Le controversé André Arthur, dans son émission du midi en compagnie de Pierre Blais sur BLVD 102,1, a pesté contre les événements dont Alexandre Bissonnette est le principal suspect : «Ce n’est pas dans le raisonnable que nous allons trouver les explications.»
Puis, il s’est excusé à Robert Pigeon, nouveau chef de police de la ville de Québec (SPVQ). À son entrée en poste au début du mois de décembre 2016, il avait ciblé la cybercriminalité et le terrorisme dans ses priorités.
«Je me suis roulé par terre. Je me demandais il faisait quoi dans le terrorisme avec ses donneux de tickets? Finalement, je dois m’excuser.»
Ensuite, il a écorché le recteur de l’Université Laval, Denis Brière, qui a convoqué les médias sans jamais confirmer que les deux hommes arrêtés étaient des étudiants ou non de son établissement scolaire. «Chaque fois qu’il ouvre la bouche, il se couvre de ridicule», a poursuivi l’animateur de 73 ans.
Aussi, il a affirmé que de rejeter la faute sur les «radios-poubelles» était prévisible. «Je me demandais qui serait le premier commentateur à mettre ça sur le dos de la radio», en nommant François Bourque, du quotidien Le Soleil.
Finalement, il a déploré qu’en conférence de presse, aucun porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et des Services de police de Québec et de Montréal, ait été en mesure de s’exprimer en anglais.
«C’était amateur et inacceptable de répondre en français aux questions des journalistes anglophones.»