L’essentiel est invisible pour les yeux

COMMENTAIRE. Il y a des jours où je suis particulièrement fier de mon coin de pays. Surtout quand il se montre accueillant, qu’il ouvre ses bras aux autres, qu’il est prêt à accepter la différence.

J’ai assisté, le 21 juillet dernier, à l’arrivée à Sainte-Marie de 22 personnes de l’Île Maurice qui sont venues de leur petite île de l’océan Indien pour démarrer une nouvelle vie chez nous, en Beauce.

Imaginez le choc, la différence de culture, de température – ils ne connaissent pas l’hiver encore! – et tout le reste. Certains d’entre eux ont laissé derrière femme et enfants dans l’espoir de les faire venir au Canada dans un an.

Pourtant, ce sont des visages souriants que j’ai vus, des visages confiants et reconnaissants. L’accueil de la Ville de Sainte-Marie et des bénévoles vise à faciliter les premiers pas dans un pays étranger, leur donner le coup de pouce de départ. Pour le reste, l’avenir leur appartient.

Certains se demanderont pourquoi on en fait tant pour accueillir des étrangers. J’ai reçu quelques messages en ce sens. Il reste toujours une frange de la population qui est réfractaire au changement, surtout s’il n’est pas blanc de souche.

Il faut se souvenir que l’intégration de nouveaux arrivants est à deux volets : eux et nous. Ils doivent faire des efforts pour participer à la vie de la ville, mais nous devons aussi leur permettre de le faire. «Vous serez huit heures par jour, cinq jours par semaine, à l’usine. Mais le reste du temps, c’est dans la communauté que vous allez vivre», a justement précisé Michel Poirier, directeur de l’usine d’Olymel. Ils ne viennent pas nous voler notre place, ils veulent simplement faire la leur parmi nous.

Il faut s’apprivoiser, comme le renard avec le Petit Prince de Saint-Exupéry. «Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.»

L’essentiel n’a rien à voir avec le pays d’origine, avec la couleur de la peau, avec les croyances ou les traditions. L’essentiel, c’est que nous sommes tous des humains, que nous avons tous le droit à une vie plus heureuse, à des relations chaleureuses et à bâtir notre nid dans le plus beau des arbres.

Nous pouvons offrir l’arbre. Donnons-leur la chance d’y faire leur nid, à côté du nôtre.