La mémoire en cadeau

Raconter une histoire ou noircir de mots plusieurs feuilles de papier. D’un genre plutôt fictif ou biographique, les écrits qui finissent par se retrouver dans les mains des autres constituent un bel exemple de transmission de sa mémoire.

Les expériences de vie ne manquent pas. Chacun a son lot de souvenirs et sa façon de les exprimer. Bien sûr, écrire ses mémoires, illustrer au moyen de son clavier ou de sa plume un fait ou témoigner, à l’aide de récits, de faits vécus, rappeler des façons d’être ou de faire, vous vous direz que cela ne peut être le lot de tous.

C’est bien vrai! Un projet d’écriture n’accaparera pas l’esprit de chacun. Parce qu’on ne porte pas ce rêve en soi. Parce qu’on n’a jamais aimé jouer avec les mots et la langue française. Parce qu’on se dit qu’on n’a pas de talent pour enfiler des phrases l’une après l’autre et produire un texte à la fois cohérent et intéressant. Cela aussi, c’est bien vrai.

Bien qu’ils ne soient pas toutes de qualité égale, les écrits de ceux et celles qui s’attellent à faire revivre leurs souvenirs, à parler de leur époque passée, à exprimer le présent, leur vision du futur y incluant leurs craintes, leurs valeurs, leurs joies, l’aberration de ce monde… constituent un témoignage important de ce qui fait ou fera partie de la mémoire collective.

Un village, une ville, une région et ses habitants à travers le temps, ce sont tantôt des photos, tantôt des mots. Combien de fois ai-je entendu dire que la mémoire d’un tel est si prolifique qu’on devrait recueillir ses propos! Mais souvent, les paroles en restent là. Rien ne s’accomplit. C’est comme regarder une photo sans reconnaître les lieux et les personnages.

Voilà! L’idée de vous entretenir de ce sujet m’est venue tard un soir de la semaine dernière alors que je lisais un extrait des mémoires d’un Beauceron qui a décidé de laisser un héritage à ses proches, surtout ses enfants, qui pourront s’imprégner de ce qu’il a pensé tout au long de sa vie. Car il y a à peine une génération ou deux, le quotidien n’était pas meublé de la même façon qu’aujourd’hui. L’enfance d’un sexagénaire ou de sa jeune vie d’adulte s’est vécue comment? Les jeunes, surtout, ne peuvent l’imaginer. L’époque des orphelinats, des pensionnats, des grosses bagnoles dans lesquelles on se promenait le dimanche après-midi, l’époque des enfants qui ne s’amusaient pas avec des ordinateurs, ce n’est pourtant pas si loin. C’est pourtant ce qui tisse l’histoire d’un village, d’une ville, d’une région.