Et si plus personne ne mourait!

Dans un pays fictif, la mort s’était arrêtée. Un 1er janvier, personne n’était décédé même pas les victimes de la route dont la survie était impensable.

Le lendemain et les jours suivants, la mort avait persistait à ne pas mourir. Les gens dont les jours étaient pourtant comptés continuaient, tout comme les blessés graves, à souffler à peine sur leur lit d’agonisant.

Au début, l’euphorie s’était installée face à l’option de la vie éternelle. Mais quand on avait constaté combien de proches n’en pouvaient plus de vivre, on avait commencé à comprendre que rien n’empêchait pas la maladie ou les accidents de se perpétuer et qu’un jour, les bons vivants deviendraient moribonds. À quoi cela servirait-il de ne jamais mourir?

La seule issue, c’est un homme vieux, très vieux, qui l’avait trouvée. Il avait demandé à sa famille de le transporter dans un pays voisin, là où les gens conservaient le droit de mourir. La nouvelle avait fait du chemin engendrant une certaine polémique. Ses proches l’avaient-ils tué en agissant ainsi? C’est ce que certains soutenaient alors que d’autres estimaient qu’on avait soulagé le mourant d’une vie qui n’en était plus une.

Et la mort qui n’existait plus avait d’autres conséquences. Les entrepreneurs de pompes funèbres et les compagnies d’assurances couraient à la faillite. La religion menaçait de s’éteindre puisqu’il n’y aurait plus de résurrection. Dans tous les corridors, les hôpitaux alignaient leurs malades qui ne trépassaient plus.

Inévitablement, le gouvernement devait réagir. Il était inondé de requêtes de tous genres. Les enjeux économiques devenaient importants et les plans d’investissements étaient contrecarrés. Parce qu’il était contraint de supporter la mort, le pays engouffrait l’argent qu’il aurait dû consacrer à la prospérité.

Même la mort était déconcertée. Elle qui avait toujours régi son champ de compétence sans failles, voilà qu’un habitant du pays avait déjoué ses plans. Elle lui avait assigné sa fin sur terre à un moment précis, mais l’homme continuait à vivre comme si de rien n’était. La mort ne voulant pas être confrontée à d’autres cas similaires, elle avait finalement repris du service.

Cette histoire, c’est celle que raconte José Samarago, un romancier portugais. Une histoire tirée par les cheveux, penseront certains. Certes, elle a un bon grain de fantastique, mais  elle se veut surtout une réflexion sur le sens de la vie. Ce livre a rejoint une collection particulière : celle du Réseau-biblios qui vient tout juste d’être initiée. Elle est composée de suggestions de lecture, de sites web à consulter et d’autres informations destinées aux proches aidants qui, on le veuille ou non, voient souvent la vie mourir à petit feu.