Les coûts explosent
ENVIRONNEMENT. L’augmentation des coûts reliés à l’implantation du tri-robotisé dans la région force les MRC de Bellechasse et de La Nouvelle-Beauce à modifier de manière substantielle leurs règlements d’emprunts relatifs au projet.
Dans Bellechasse, l’estimation des coûts passe de 11 115 667 $, en 2021, à 16 686 870 $, tandis qu’en Nouvelle-Beauce, le total des dépenses sera plutôt de l’ordre de 19 710 000 $, soit une augmentation de la dépense de 10 710 000 $ par rapport au 9 000 000 $ initial. La différence de prix entre les deux MRC s’explique par l’achat d’équipement supplémentaire à l’installation de Frampton où seront acheminées les matières organiques des deux territoires.
Ces montants incluent autant l’acquisition du robot que ceux des bâtiments nécessaires à leur implantation et autre actifs connexes à la mise en fonction du procédé. Du montant imputé à la MRC Nouvelle-Beauce, une portion de 4 M$ appartient à la MRC de Bellechasse.
Bellechasse et Nouvelle-Beauce ont choisi de faire équipe en vue d’implanter un système de tri avec sacs de couleurs, assisté par l’intelligence artificielle, afin de recueillir la matière organique des résidences sur le territoire. Cette initiative est devenue nécessaire après que le gouvernement du Québec ait mis en place une stratégie de valorisation et de gestion de la matière organique sur 100 % du territoire québécois d’ici 2025.
Les robots seront aménagés dans les futures installations de traitement de la matière organique à Armagh dans Bellechasse et à Frampton en Nouvelle-Beauce. Pour expliquer une partie de la hausse, mentionnons que les deux MRC ont notamment choisi un système à deux paliers permettant d’optimiser les opérations, en plus de voir composer avec une hausse générale du coût des matériaux de construction et du taux horaire de la main-d’œuvre depuis 2020, de même que des frais d’ingénierie et autres expertises nécessaires à une telle implantation.
Rappelons que la MRC Beauce-Centre avait plutôt choisi l’option du bac brun et de composteurs domestiques, étant composé en grande partie de petites communautés. « La composition de nos villages fait en sorte que nous avons plusieurs communautés de 220 unités ou moins et ces options nous permettaient de répondre aux exigences gouvernementales. Il y a une écrasante majorité de municipalités qui ont choisi le bac brun au Québec. Le tri-robotisé est un instrument de haute technologie et ça représente inévitablement des coûts. Il y avait aussi l’opportunité de donner un contrat qui regrouperait tous nos aspects de gestion des matières résiduelles, donc les trois collectes ensemble ».
Les secteurs urbains des municipalités de Beauceville, Saint-Joseph, Saint-Odilon et Saint-Victor disposent maintenant d’un bac brun de 240 litres, chose qui était déjà en vigueur à Tring-Jonction. M. Bolduc ajoute toutefois que d’autres cœurs villageois s’ajouteront à celles ayant une collecte de matières organiques dans le futur. « Il y a du développement à Saint-Frédéric et celle-ci s’approche du nombre de 220 unités. Un composteur est beaucoup moins approprié. Le noyau villageois de Saint-Jules sera probablement concerné aussi, car une école de cuisine doit s’y établir et ils auront de la matière organique additionnelle. Certaines parties de Saint-Victor le seront possiblement aussi ».
Des impacts indéniables
Pour le maire de Sainte-Marie et préfet de la MRC Nouvelle-Beauce, Gaétan Vachon, le projet sera bénéfique et représente la solution idéale pour la gestion des matières organiques. « L’utilisation des sacs mauves évite la nécessité de mettre en place un système de collecte avec des bacs bruns, ce qui libère une troisième collecte et constitue un avantage non négligeable pour notre environnement. Avant la pandémie, seule la collecte annuelle des bacs bruns représentait une dépense d’environ 700 000 $ par an, une dépense récurrente qui est désormais évitée grâce à l’utilisation des sacs mauves ».
Il ajoute que l’organisation a déjà reçu des demandes d’autres MRC intéressées à confier leur propre matière organique à la MRC. « L’intelligence artificielle utilisée pour gérer nos robots permettra de récupérer les matières recyclables autres comme le bois, le métal et les canettes, évitant ainsi leur enfouissement. Notre usine sera ainsi en mesure de gérer également les matières organiques provenant d’autres régions, devenant ainsi une solution viable et un modèle par la même occasion. Cette approche demeure la meilleure adaptation à notre réalité pour éviter des coûts futurs, d’autant plus que les besoins en collecte sont appelés à croître ».
Cette hausse faramineuse des coûts n’inquiète pas pour autant le préfet de la MRC de Bellechasse, Luc Dion, qui estime que le projet est le bon et il observe la même attitude chez ses collègues. « Je n’ai pas le feeling qu’il y a des regrets chez les maires. On ne se rendra pas jusqu’au règlement d’emprunt au niveau des dépenses, c’est le pire des scénarios et ça inclut toutes les dépenses ».
Pour le préfet de la MRC des Etchemins, Camil Turmel, il est certain que ces nouveaux chiffres auront un impact pour les municipalités concernées. « C’est certain que l’on va subir les contrecoups de ces hausses de coûts, car plusieurs municipalités des Etchemins sont utilisateurs du site d’enfouissement d’Armagh et la dette sera partagée entre les utilisateurs. Il y a aussi la question de l’échéancier auquel je m’interroge, car on devait enclencher, dès cet automne, la sensibilisation auprès de la population et la distribution des sacs, pour être effectif au 1er juillet 2025 ».
La mise en opération du tri robotisé dans les deux MRC est prévue pour le printemps 2025. Entretemps, les deux entités perdent des sommes importantes reliées aux redevances reliées aux différents programmes devant soutenir les municipalités, même si elles estiment être déjà en action.
Les MRC de Bellechasse et de la Nouvelle-Beauce ont d’ailleurs demandé récemment au gouvernement du Québec de revoir les modalités du programme de redevances pour l’élimination des matières résiduelles. Leur demande est toutefois demeurée lettre morte.