Château Beauce: la foire aux malheurs

SAINTE-MARIE. Le couvent des Oblates de Béthanie à Sainte-Marie, dit le Château Beauce, était autrefois empreint de noblesse et rempli de possibilités. Depuis quelques années toutefois, les problèmes s’accumulent pour l’endroit que le bon Dieu a abandonné, tandis que rien ne semble indiquer qu’une solution est encore possible.

Rappelons que le Château Beauce avait été donné à la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches (SACA) en 2015. À l’origine, l’objectif de l’organisme était d’y déménager ses bureaux, tout en y créant une résidence pour personnes âgées.

« J’étais partante pour développer un projet pour le mettre en valeur. Je voulais que ça vive! […] Au début, j’étais emballée, mais là, j’ai désemballé », a lancé Sonia Nadeau, directrice générale de la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches.

Problème sur problème

En effet, le bâtiment est dans une zone inondable (les inondations de 2019 ayant notamment fait de lourds dégâts), a de la moisissure, de l’amiante, et n’est plus assurable puisque plus personne n’y réside depuis plus de 5 ans.

« Nous avons déjà eu des offres, mais pas d’assurance, les gens ne veulent plus l’acheter », a-t-elle avancé.

Qui plus, sans assurance, impossible d’y faire des travaux, et sans travaux, impossible d’être assuré. « C’est une épée de Damoclès au-dessus de la tête », a-t-elle imagé.

Question d’ajouter l’insulte à l’injure, l’ancien couvent a été la cible de nombreux actes de vandalisme, tels que des meubles lancés depuis le haut de l’escalier, des extincteurs vidés de leurs contenus, le système électrique arraché, de même que 17 vitres et plusieurs vitraux fracassés juste avant Noël. « Pas facile de trouver un entrepreneur le 24 décembre… », de souffler Mme Nadeau.

Un tronc d’arbre dans les roues

La pire des embûches pour la SACA demeure la certification en tant que bâtiment patrimonial. Celle-ci avait été demandée en 2018 par le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) et accordée en 2020.

« La certification a été le début de la fin. Ça ajoute une lourdeur… Aujourd’hui, j’ai les mains liées. […] J’ai dit au GIRAM: « Je vais vous donner les clés. » Ils n’en veulent pas, ils disent que ce n’est pas leur mission. Ce n’est pas non plus mon rôle de gérer un bâtiment patrimonial! », a-t-elle poursuivi.

Ainsi, Sonia Nadeau souhaite maintenant que le ministère de la Culture et des Communications se présente avec des solutions.

« Ils veulent que je le vende, mais à qui vous voulez que je le vende? On ne bâtit pas du neuf avec du vieux! Pour les gens d’affaires, ne n’est pas la meilleure des idées […] Je sens que c’est une patate chaude au ministère », a-t-elle affirmé, en soulignant que remettre le tout en état représenterait un investissement de plusieurs millions de dollars. « Ça prend quelqu’un qui a les moyens… »

Le dossier étant « abstrait pour certains », Mme Nadeau a tenu à préciser que la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches se porte bien et compte plusieurs projets encourageants sur la table. « C’est là que je veux mettre mes énergies », sourit-elle.

Mentionnons que Gaétan Vachon, maire de Sainte-Marie, a été contacté, mais il n’a pas souhaité commenter le dossier.