Éviter les éteignoirs

ARTS. «Jamais je n’allais être l’éteignoir des autres», c’est avec cette phrase coup-de-poing que l’acteur et dramaturge Fabien Cloutier s’est confié au Grand Rendez-vous des Arts de Chaudière-Appalaches.

Comment «le p’tit gars de Sainte-Marie» est-il devenu un artiste accompli? Fabien Cloutier en avait beaucoup à dire lors de sa conférence d’ouverture du rendez-vous réunissant une quarantaine d’artistes. Son témoignage lançait une journée de conférences et de réseautage à la Cache à Maxime de Scott jeudi. Il a tellement parlé de cœur qu’il est revenu à des moments très personnels de sa vie pour illustrer la persévérance que tout artiste doit posséder pour réussir.

«La première pièce de théâtre que j’ai vue, c’était à l’âge de 16 ans», s’est-il rappelé. «C’était du Michel Tremblay.»

Après un court passage au Cégep Garneau, Fabien Cloutier est littéralement tombé en amour avec la scène. «Je suis parti pour le Collège Lionel-Groulx en théâtre. Ils ont coupé la moitié des étudiants à la fin de la première année», raconte-t-il. «Il y avait un professeur qui m’a fait comprendre que je n’étais pas à ma place de façon brutale.» La lettre de refus qu’il a finalement reçu lui a fait énormément de peine.

L’amertume: à mettre de côté

Il revient à Sainte-Marie l’été suivant travailler dans l’usine Smucker’s. Les gens lui demandent quand il se retrouvera à la télévision et lui doit leur répondre qu’on l’a jeté en dehors du théâtre. «C’était un échec extrêmement cuisant», dit-il. Il se relève de peine et de misère et est finalement accepté au Conservatoire d’art dramatique de Québec.
«On est tous en position de se tromper», résume Fabien Cloutier. La persévérance en tant qu’artiste ça passe par une attitude qui met de côté la jalousie, le négatif et tout ce qui pourrait porter atteinte au travail quotidien de création.

Trouver sa talle

Après le succès des pièces «Scotstown» et «Pour réussir un poulet», Fabien Cloutier jongle son travail de création avec ses enfants et quelques rôles à la télévision, dont la série «Les Pays d’en haut». Il est rendu à un moment dans sa carrière où il refuse beaucoup de rôles afin de se concentrer sur ce qui le passionne. «On me colle l’étiquette de grossier, mais je me bats pour cet univers-là», explique-t-il en parlant des thèmes développés dans ses pièces.

La culture en région

«Ce n’est pas en essayant d’être une pâle copie de festival populaire qu’on va garder les gens ici», critique Fabien Cloutier à l’égard de la présence de la culture en région.

Il cite à titre d’exemple de réussite le Festival de musique émergente de Rouyn-Noranda. Cet événement a réussi à amener des artistes que l’on n’entendrait pas d’ordinaire dans les lieux de diffusion de cette région. «Il y a un coût de société à l’absence de culture. Ce n’est pas pour rien que les jeunes partent», a-t-il ajouté.