Une opération qui se fait attendre

SANTÉ. Inactive depuis maintenant près de quatre ans, une dame de Tring-Jonction espère depuis plusieurs mois une opération qui pourrait lui permettre de reprendre une vie normale. 

En substance, Emmanuelle Lessard souffre de sévères douleurs au dos et aurait besoin d’une intervention chirurgicale qui implique un remplacement par prothèses discales multiétagé. Or, ce type d’intervention ne serait réalisable que par un seul médecin au Canada et celui-ci pratique maintenant au privé. 

Aujourd’hui âgée de 47 ans, Mme Lessard était à l’emploi de l’entreprise Safari Condo jusqu’à il y a quatre ans. On l’a finalement congédiée après deux ans, voyant que son retour au travail n’était pas imminent. Maintenant sans emploi, les revenus d’assurances ou autres ne sont plus au rendez-vous. « Quand la pandémie est arrivée, il y a eu des fermetures de départements dans les hôpitaux. Ça a retardé tous mes tests et examens », explique Mme Lessard.

Ce dernier précise que le Dr Jean-François Roy est le seul chirurgien au Canada à faire ce type d’intervention. Puisqu’il est maintenant au privé, l’accès pour Mme Lessard à une opération du genre est à peu près inexistant, même si le débat entourant l’implication du privé dans le domaine de la santé progresse dans la province. « Je me suis tournée vers le Dr Roy, qui était dans le régime public avant, sauf qu’il pratique maintenant au privé. Je n’ai comme pas le choix de le suivre, c’est le seul à faire ce genre d’opération et il a déjà mon dossier », explique Mme Lessard, visiblement à la recherche de solutions.

Autres difficultés, la Régie de l’Assurance-maladie du Québec (RAMQ) refuse également de défrayer au minimum ce qu’aurait coûté une opération de ce type au Québec. Aussi, la Régie des rentes d’invalidité ne considère pas Mme Lessard comme étant invalide permanente, puisqu’une opération pourrait lui rendre la guérison. « Leur décision est en appel pour le moment, mais si la moindre chose arrivait, comme un problème de santé ou la retraite du Dr Roy, ma conjointe serait définitivement invalide », explique son conjoint, Jean-François Poulin.

Une centaine de cas au Québec

« Les patients doivent rester en convalescence pendant une semaine à l’hôpital, sauf que les chambres pour longue convalescence au privé sont inexistantes au Québec et une loi empêche le Dr Roy d’opérer ses patients au Québec. La seule alternative actuelle pour ces gens est d’aller aux Îles Caïmans pour l’opération et assumer les coûts de leur poche. Dans le cas de ma conjointe, on parle de 50 000 $, somme que nous n’avons pas, bien sûr », illustre M. Poulin. 

Mme Lessard explique qu’elle n’est pas la seule dans sa situation, puisqu’une centaine de personnes au Québec seraient aussi concernées. « On a lancé l’idée de louer au Dr Roy quelques chambres dans un hôpital ou des lits sont disponibles, à Thetford-Mines par exemple. Cette approche apporterait des fonds aux hôpitaux, tout en réglant le problème pour ces patients qui souffrent au quotidien. Ça serait si simple comme solution à appliquer, mais paraît-il que c’est impossible », déplore-t-elle.

M. Poulin s’est finalement adressé directement au bureau du ministre de la Santé, Christian Dubé, pour tenter de le sensibiliser à la situation. Des démarches ont aussi été faites à ce sujet par une attachée politique du député de Beauce-Nord, Luc Provençal. Un attaché politique du ministre a récemment précisé à M. Poulin que le Dr Roy devrait revenir au sein du régime public pour dénouer l’impasse, puisque la Régie de l’Assurance maladie du Québec n’assumera jamais les honoraires d’un médecin qui pratique au privé. « On m’a aussi conseillé d’appeler à la Fédération des médecins spécialistes du Québec pour tenter de dénicher un autre médecin pouvant pratiquer ce type d’intervention, sauf qu’il n’y en a pas, selon nos recherches. »

« C’est un calvaire que je vis. Plus ça va, plus j’ai de la difficulté à marcher. C’est vraiment plate que l’on en soit rendu-là pour se faire soigner, surtout qu’on sait que les voyageurs du chemin Roxham ont eu des hôtels à leur disposition et bénéficient de tous les soins médicaux gratuitement, sans jamais avoir contribué au système, c’est tout simplement révoltant », confie Mme Lessard, qui espère du positif dans sa situation depuis longtemps.