Un homme et sa douleur

TÉMOIGNAGE. Alain Lebrun est souvent mépris pour un gars en boisson, mais il s’agit en réalité des symptômes d’une maladie dégénérative.

Dans la cour d’Alain Lebrun, il y a plusieurs voitures. Deux camaros, deux Transam, un nova et deux vieux Pick-ups sortis tout droit d’un film des années 40. Les deux Pick-ups appartenaient à son grand-père.
Il organise depuis deux ans l’Expo de voitures antiques à Sainte-Marie. Il y a une Expo l’été et des rassemblements tous les vendredis. Les amateurs de vieilles voitures se donnent rendez-vous dans un stationnement où ils discutent mécanique, écoutent de la musique et partagent aux familles qui s’y rendent leur passion.

L’été dernier, Alain Lebrun voit le nombre de participants diminuer d’une quarantaine à une vingtaine de voitures. Alain Lebrun pense que ça peut être lié à sa maladie.   «Les gens croient que je suis saoul. Ceux qui me voient pour la première fois ont un regard différent. Ils portent des jugements. Ils ne me prennent pas au sérieux», explique-t-il. 

Alain Lebrun souffre d’une maladie rare, l’Ataxie cérébelleuse. Il est peut-être le seul au Québec à souffrir de cette maladie dégénérative qui attaque son système nerveux. L’Ataxie se caractérise entre autres par une mauvaise coordination musculaire, des problèmes de langage et un manque d’équilibre.

Alain Lebrun soupçonne que l’ataxie lui a été transmise par son père amérindien. «Dans les réserves, il y a quatre ou cinq générations, c’était fréquent de rencontrer de la consanguinité.»

«Depuis que j’ai reçu mon diagnostic il y a deux ans, les polices m’ont couru après trois fois. Ils croyaient que je conduisais en boisson», raconte-t-il.
Alain Lebrun ne peut plus travailler à l’usine Pro-Fab où il était employé. «Je peux être un danger pour les autres ou moi-même.» Ce qui le fait sortir de chez lui ces temps-ci: l’Expo et ses enfants. 

Le prochain rendez-vous de l’Expo se tient le dimanche i 6 août devant l’ancien aréna de Sainte-Marie à partir de 10h. Alain Lebrun cherche toujours un animateur pour la journée. S’il pleut, l’événement est reporté le 12 août. Tous les vendredis de l’été il y a également un rassemblement de de voiutres antiques V8.

«Dès fois, j’ai le goût de tout lâcher.» Ce sont ses deux enfants de 8 et 14 ans et sa blonde qui le font se lever tous les matins, malgré les crampes, les maux de tête et le fait de savoir qu’un jour sa maladie le rendra incapable de manger ou de conduire. «J’en ai encore pour 10 à 30 ans.»