Prévenir les inquiétudes liées à la grossesse
SANTÉ. Après la joie d’apprendre qu’elle est enceinte pour une première fois, une série d’inquiétudes traversent l’esprit de la nouvelle maman. Toutes ces inquiétudes peuvent se dissiper avec les examens prénataux et c’est l’objet des travaux de recherche du Dr Emmanuel Bujold qui souhaite offrir ses services aux femmes vivant en région.
Ce dernier vient de mettre en place un projet pilote de télémédecine à Saint-Gilles. La clinique In Utero accueille gratuitement les femmes de Chaudière-Appalaches qui en sont à leur première grossesse. « Nous voulons démontrer que nous pouvons faire des évaluations à distance, diminuer les complications de la grossesse et garder les mamans dans leur milieu », a-t-il expliqué.
Pour mener à bien ce projet pilote qui durera quatre ans, le médecin spécialiste se base sur une étude qu’il a menée auprès de 13 000 femmes enceintes suivies au CHU de Québec-Université Laval.
« On croit que ce projet pourrait se traduire par la naissance d’enfants en meilleure santé, des enfants qui ont moins de problèmes scolaires, puisque nous préviendrons des complications de la naissance qui auront des impacts à long terme », a soutenu le Dr Bujold. Ce dernier veut rejoindre au moins 1 000 mamans pendant la durée du projet.
Le dépistage de plusieurs anomalies fœtales et de dangers pour la mère est plus facile grâce aux échographies et prises de sang réalisées au premier trimestre. Le Dr Bujold est capable de déterminer si la maman est à risque de prééclampsie ou d’accouchement prématuré. Il peut donc prescrire un traitement adapté à sa condition. La détection des anomalies fœtales, quant à elle, permet aux parents de prendre une décision éclairée sur la suite de la grossesse.
Si les résultats obtenus à Saint-Gilles sont probants, le Dr Bujold espère ouvrir d’autres cliniques de ce genre dans les régions éloignées du Québec.
Dépistage complet
Le projet pilote essaie de démontrer qu’une femme enceinte peut avoir un dépistage complet et un suivi aussi efficace sans devoir se déplacer à Québec pour rencontrer le spécialiste. Tout se fera par télémédecine à l’aide d’appareils à la fine pointe de la technologie.
Ainsi, la femme enceinte qui se présente à la clinique de Saint-Gilles est prise en charge par son équipe. Elle sera pesée, on lui fera des prises de sang, on évaluera sa santé cardio-vasculaire et pondérale. Une échographie complète sera aussi menée. La future maman pourra discuter avec le médecin pendant l’échographie. Toutes ces données sont envoyées en temps réel au CHUL, où Dr Bujold et ses collègues pourront analyser les résultats. À la fin de la visite, elle aura encore du temps avec lui pour qu’il lui présente les résultats sans qu’elle ait à se rendre à Québec. Par ailleurs, s’il y a un besoin de traitement, le Dr Bujold fait une prescription qui est envoyée à la pharmacie de la patiente.
Par ailleurs, les prises de sang sont dirigées à Québec deux fois par jour et les résultats envoyés à Dr Bujold, le jour même.
« On espère que les mamans de la région, en venant ici et en participant au projet de recherche, vont permettre de démontrer qu’il est possible de faire ce genre de dépistage à distance. On veut démontrer qu’il y aura une diminution des complications chez les mamans de la région. »
Les participantes n’auront que deux visites à faire. L’une à 12 semaines et l’autre à 22 semaines. Couplée à celle de 20 semaines, elle permet de déterminer s’il y aurait des complications de fin de grossesse. « Elle n’existe pas actuellement, on l’ajoute pour diminuer les problèmes et les visites de fin de grossesse », a-t-il soutenu.
Collaboration
Une entente entre le CHU Québec-Université Laval et le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Chaudière-Appalaches va permettre au Dr Bujold de transférer les informations au médecin de la patiente. Le projet est chapeauté par l’équipe de la Dre Amélie Buteau de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Elle est responsable de la prise en charge de la patiente.
« Elle ne va pas au CHUL pour son suivi. Elle ira à l’Hôtel-Dieu de Lévis. Le médecin va suivre les recommandations du projet de recherche et leurs propres connaissances. La patiente sera transférée à Québec seulement si elle représente un risque trop élevé pour l’équipe de Lévis. »