Passionné de patrimoine

AGRICULTURE. Le futur agriculteur de 19 ans est en mission pour sauver les techniques d’antan.

Si vous avez faites votre tour à l’Expo St-Isidore, vous avez peut-être croisé la grange des antiquités. Plusieurs machines, vieux tracteurs et robinets ornementaux étaient disposés sur le parterre et à l’intérieur. Le jeune cégépien et futur agronome, Jordan Roberge fait contraste avec tous ces vieux objets, dont certains ont quatre ou cinq fois son âge. La première curiosité qu’il montre aux passants est cette pompe à eau qui fonctionne sans électricité. Jordan a lui-même restauré l’objet, de la grosseur d’une boîte à lunch. «C’est une pompe qui fonctionne avec de l’eau. Elle crée un vide d’air et permet de transvider le liquide dans un autre récipient. Les agriculteurs s’en servaient avant l’arrivée de l’électricité», explique-t-il.

Il a reconstitué sa première antiquité alors qu’il n’avait que 15 ans, un hachoir à navet. Cet équipement à manivelle, les agriculteurs d’autrefois s’en servaient pour supplémenter la nourriture de leurs vaches lorsque le foin était de mauvaise qualité. Ce sont les grands-parents maternels et paternels de Jordan qui lui ont transmis cette passion pour les vieilles choses. «Ils m’ont parlé beaucoup des techniques agricoles de leur temps et ils ont transmis leur savoir-faire en menuiserie», ajoute Jordan.

Jordan Roberge est le plus jeune membre de l’Association Provinciale du Patrimoine Agricole du Québec (APPAQ) qui en compte près de 350 dans la province. «Ce n’est pas la passion la plus populaire», avoue tout de même Jordan Roberge.

Robert Paré tient une grange remplie d’antiquité où il réside à Saint-Frédéric. Il fait partie de cette poignée de passionnée, heureux de raconter toutes les histoires du monde sur les antiquités. «Il est la relève et le plus jeune de nos membres. Le vieillissement risque de devenir un problème, explique Robert Paré, président du chapitre de Chaudière-Appalaches de l’APPAQ. Quand quelqu’un abandonne, il met ses antiquités en vente et tout s’en va aux États-Unis.»

Pourquoi le patrimoine est important?

«Ça te fait apprécier ce que tu as. Le patrimoine est là pour t’enraciner à l’endroit où tu viens, à ton passé. C’est important parce que ça rend vivant la mémoire collective», est convaincu Robert Paré.

Pour Jordan Roberge, il faut allier le savoir d’autrefois aux technologies modernes pour être respectueuse et avec un bon rendement. Autrement, il n’y aura plus de main-d’œuvre agricole.

Lorsque l’on regarde son autour de sa maison, on y voit des légumes poussés sur toutes les plates-bandes; des courges poussent sous les tournesols, le maïs est entrecoupé de fèves. Le maintien de son jardin dit qu’à travers son manque de temps, Jordan Roberge est un passionné. Il met en pratique la devise inscrite sur la plaque d’immatriculation de son vieux tracteur de 1955.

Jordan reprendra un jour la ferme de taures de son père pour la transformer en une production maraîchère. En attendant, il lui reste à terminer son CÉGEP, convaincre des millénaux à s’impliquer et perdurer les techniques ancestrales.