La « piqure du gouvernement » n’existe pas

L’aide médicale à mourir est officiellement dans la loi depuis le 10 décembre 2015. Afin de voir plus clair dans ce nouveau droit, une conférence a eu lieu le mercredi 17 février dernier au Centre Caztel de Sainte-Marie.

Plus de 200 personnes ont assisté à la soirée offerte par l’avocat Jean-Pierre Ménard, spécialisé en droit médical, ainsi que le sociologue Yvon Bureau. Expliquant le contexte juridique de la question, Me Ménard a soulevé qu’énormément d’incompréhension tourne autour de la loi sur l’aide médicale à mourir.

Notamment, la population craint de recevoir ce qu’il a qualifié de « piqure du gouvernement ». Or, la loi vient justement protéger les individus dans leur droit de choisir le moment et la manière de leur mort (lorsque la science n’a plus d’autres choses à offrir). Plus précisément, il s’agit de l’administration de médicaments par un médecin à une personne en fin de vie, à la demande de celle-ci, dans le but d’abréger ses souffrances.

« La loi est là pour rassurer le monde. Personne ne peut se faire imposer un traitement qu’elle ne veut pas », a-t-il commenté, en spécifiant que ni le médecin, ni la famille ne peuvent prendre la décision à la place de l’individu concerné. En fait, la famille (autant les enfants que le/la conjoint(e)) n’a pas à être au courant si la personne ne le souhaite pas.

Tout ce qu’il faut, c’est que l’aide médicale à mourir soit consentie par une personne adulte, atteinte d’une maladie grave et incurable, inscrite à l’assurance-maladie (pour éviter le tourisme médical), dont les souffrances physiques ou psychologiques sont insupportables, libre dans son choix (sans promesse, menace ni pression, et dans que ses facultés soient altérées), ainsi qu’en toute connaissance des faits (diagnostic, procédures médicales, effets et conséquences possibles, traitements alternatifs…). On ne peut cependant pas exiger de mourir à la maison si notre santé ne le permet pas. Parenthèse, l’aide médicale à mourir ne peut pas être invoquée par une compagnie d’assurance pour refuser de verser à vos héritiers le montant de votre assurance-vie.

Quant au médecin, il doit s’assurer que la personne répond aux conditions mentionnées, et doit obtenir l’avis d’un second médecin indépendant, ceci afin d’éviter les erreurs médicales. Un médecin peut refuser d’offrir l’aide à mourir si cela va à l’encontre de ses valeurs, mais il doit dans ce cas trouver un autre professionnel pour assurer la continuité des soins.

« Il y a eu de gros changements, mais les changements ont été faits dans l’intérêt du monde. Le but de la loi est de vous donner le contrôle sur ce bout-là de votre vie », a conclu Jean-Pierre Ménard.

Aspect social

Le sociologue Yvon Bureau a pour sa part souligné que par le passé, en vieillissant, les gens semblaient perdre de plus en plus leurs droits. Le courant a changé de direction dans les 30 dernières années, où les « souhaits » de fin de vie sont devenus des « directives ». La loi est ainsi venue faire en sorte que la personne soit au cœur de la décision ultime.

En fin de soirée, même si la famille immédiate n’a aucun pouvoir, il a invité le public à parler avec leurs proches de leur choix. « J’espère que vous allez faire le cadeau à vos enfants d’avoir une fin de vie préparée », a-t-il lancé, en ajoutant que l’aide médicale à mourir est plus douce et courageuse qu’un suicide.

 

L’article ci-dessus n’est qu’un résumé d’une conférence très technique qui a duré plus de deux heures. Pour en savoir davantage, consultez le www.vosdroitsensante.com.