Jean Soulard a cultivé un jardin de passions

Jean Soulard a nourri une passion pour sa profession. Cela, tout le monde peut s’en douter. Des coups de cœur, il en a eu d’autres, bien d’autres à commencer par la ciboulette.

Quand il est devenu le chef des cuisines du Château Frontenac en 1993, Jean Soulard a d’abord exploré le toit de l’immense édifice. Il en a fait un jardin en y installant d’abord un plan de ciboulette. «Être proche de la matière a toujours été important pour moi».

Sur un banc de pierre planté au cœur de son jardin qui a fini par se garnir de fines herbes, de ruches et de poules, Jean Soulard y a souvent trouvé des moments d’apaisement. Comme le jogging qui lui a toujours permis d’évacuer le stress. Car il faut dire qu’au Château, on pouvait servir jusqu’à 3000 repas par jour.

Simple et sans prétention, Jean Soulard était l’invité de la Randonnée Vélo-Beauce mardi dernier 28 juin à Saint-Joseph. Il accueillait même, à l’entrée, ceux et celles venus l’entendre, mais qui étaient toutefois peu nombreux avec une assistance de quelque 25 personnes.

Celui qui viendra d’ailleurs pédaler en Beauce le 20 août prochain raconte qu’il est tombé dans la marmite tout jeune. Son grand-père s’occupait d’un immense jardin. Son père opérait une boulangerie et l’une de ses tantes une auberge dans un petit village de La Vendée à France. À 13 ans, il avait déjà humé son avenir : il ferait de la cuisine.

Ainsi, il a parcouru l’Europe, une partie de l’Asie et il a bifurqué vers le Québec au lieu de se rendre en Australie, comme il était prévu.

Le Québec grandit avec ses produits

«Je suis tombé en amour avec la ville de Québec. Pas à cause de ses vieux murs, mais des gens que j’ai croisés.» Au nombre de ceux-ci, il y avait ces producteurs passionnés qui ont permis au chef de s’approvisionner en fruits, légumes, viandes ou aliments du terroir.

«Si nous avons une cuisine québécoise aujourd’hui, c’est parce que nous avons des produits québécois ». Il faut dire que le chef Jean Soulard y a largement contribué et qu’il a été un précurseur en favorisant le terroir.

Choisir son sport  

À 35 ans, Jean Soulard relate qu’il souffrait à la fois de maux de dos et d’estomac. On lui disait qu’il n’avait rien. Son mal, c’était en fait le stress. En s’adonnant au jogging, d’abord pour se libérer la tête, il a vu ses douleurs physiques disparaître. L’important, dit-il, c’est de trouver une activité simple qui n’obligera pas, si on ne le désire pas, d’investir dans un tas d’équipements. Puis, il faut se donner une ligne de conduite : se réserver une heure par jour pour des besoins autres que le travail ou ses diverses obligations.

Pas évident de changer de cap

Jean Soulard a rangé son tablier en 2013. N’empêche, avoue-t-il, qu’il lui a fallu un an et demi pour digérer son départ qu’il avait pourtant planifié. «J’avais une longue liste d’activités auxquelles me consacrer, mais  j’avais fait de la cuisine toute ma vie et il me semblait que je ne savais faire que ça.»

La page est maintenant tournée. L’ancien chef écrit, dispense des conférences, réalise des contrats de consultation… Son principe, c’est de s’adonner à des activités qui lui plairont car il n’a pas fini de nourrir et de cultiver ses passions.