Être gaucher dans un monde de droitiers

ANALYSE. Petite minorité – ils représenteraient de 12 à 15% de la population en Amérique – les gauchers survivent dans un monde de droitiers, dans lequel ils sont bien souvent oubliés. À l’occasion de la Journée internationale des gauchers, célébrée aujourd’hui, les gauchers souhaitent mettre en valeur leur différence.

«Les gauchers sont mieux perçus aujourd’hui, du moins ici au Québec, lance le quadragénaire Frédéric Morency, qui travaille à Saint-Sulpice. Quand j’étais jeune, il y avait une certaine pression à nous faire écrire de la main droite. Lorsqu’on écrivait à l’encre, on salissait les cahiers et on se faisait sermonner. Je me souviens aussi que les sœurs donnaient des coups de règles sur nos bureaux lorsqu’elles nous surprenaient», poursuit le gaucher.

Depuis 2012, il existe un Club des gauchers du Québec fondé par Léonard Normand, lui-même gaucher. Le club compte près de 430 membres et quelque 875 adeptes sur le réseau social Facebook. «L’idée était de regrouper les gauchers comme bien des groupes minoritaires le font. Le but est surtout de se faire connaître et apprécier. Les droitiers ne connaissent pas nos difficultés au quotidien. En tant que gauchers, nous sommes défavorisés», explique M. Normand.

Aujourd’hui, Frédéric Morency n’accorde pas trop d’importance aux pressions sociales dont il a été victime plus jeune. « Je me sentais différent, mais à la maison, c’était respecté puisque mon père aussi était gaucher. Par contre, à l’école, il est certain que je devais m’adapter. Les pupitres, les cahiers et même l’équipement de sport, tout était pour les droitiers», se rappelle-t-il. Aujourd’hui, il ne célèbre pas nécessairement la journée des gauchers, mais dit faire des blagues sur le sujet avec ses amis gauchers.