Carole Audet: 33 années au service du public
COMMERCE. Visage bien connu des gens qui fréquentent les Galeries de la Chaudière à Sainte-Marie, Carole Audet a fermé sa boutique, L’Ambassadeur, la semaine dernière, après 33 ans de carrière, dont 23 à Sainte-Marie.
Mme Audet confirme que sa décision n’a rien à voir avec une quelconque baisse de son achalandage ou le changement dans les habitudes de consommation des gens. « J’ai décidé de fermer parce que je n’avais pas de relève. Ma décision était prise et je suis en paix avec ça. Ça aurait fait 34 ans en mars. 11 ans à Saint-Joseph et 23 ici à Sainte-Marie. J’ai fait une très belle carrière. »
Elle a travaillé dur pour mener à bien sa boutique, surtout au début alors qui lui a fallu créer sa propre identité et se bâtir une clientèle. « Ça partait de Lévis pour venir ici. De Saint-Georges, Thetford, Sainte-Claire, Lac-Etchemin. Je couvrais assez grand. J’ai parti ça avec à peu près rien à Saint-Joseph. 7 000 $ d’inventaire et j’ai augmenté au fur et à mesure. J’ai fait une belle vie, quelque chose dont j’étais passionnée et que j’ai aimé à la folie, mais là c’était le temps. »
Pas le premier choix
Mme Audet raconte qu’une carrière dans la vente de vêtement n’était pas dans ses plans au début. « J’ai fréquenté la polyvalente de Saint-Prosper, la première année qu’elle s’est construite. J’étais en secrétariat, mais j’ai abandonné ça en moins d’un an et je me suis dirigée vers la restauration à Saint-Camille de Bellechasse où j’ai connu le père de mes enfants. On s’est dirigés vers Trois-Pistoles ensuite, où j’ai commencé la vente de Tupperware et je suis devenue gérante là-dedans. Si je suis en affaires, c’est un peu grâce à tout ça. »
Une fois (son mari) transféré à Saint-Joseph, elle a eu l’opportunité d’obtenir un emploi à la Vallée de l’habit et le propriétaire lui a offert de tenter sa chance pour diriger sa propre boutique. « En un an, j’avais doublé le chiffre d’affaires. Il m’a plus tard vendu ses équipements et l’ameublement et je suis partie comme ça. »
L’internet et autres
Carole Audet a vécu plusieurs époques et soubresauts du commerce au détail. Elle a remarqué un certain déclin de son type de commerce, soit le vêtement haut de gamme pour hommes. « Plusieurs villages avaient leur mercerie avant. Aujourd’hui, c’est rare. Ceux qui sont restés ont dû revoir leur service à la clientèle. Des gens venaient de me voir de Lévis ou Saint-Georges et même Saint-Côme parce que je tenais des tailles plus larges. J’appelais des gens aussitôt que je recevais ma marchandise. »
Mme Audet dit aussi avoir remarqué que le prix importait peu pour plusieurs personnes. « Plusieurs cherchaient une qualité et le prix n’était pas important. Il y avait déjà d’autres gammes de produits auxquels d’autres boutiques répondaient bien. J’ai eu à changer ma gamme de produits pour développer ma propre clientèle. J’ai installé un système de fidélisation qui ramenait mon client. C’était bon pour les deux. »
La pandémie, l’arrivée de l’achat en ligne et de certaines chaînes à grande surface n’ont pas nécessairement affecté le potentiel d’une boutique comme celle de Mme Audet. Débrouillardise et créativité étaient de mise. « On a travaillé pendant la pandémie et il a fallu être créatif pour rester. Financièrement, j’étais correcte et quand on a pu reprendre avec les portes ouvertes, il y avait un local ici aux Galeries dont la porte donnait sur l’extérieur. Une agente de la Sûreté du Québec est venue confirmer que tout était en ordre pour qu’on puisse entreprendre quelque chose pendant un mois et ça a bien répondu. »
Sentant que la retraite approchait, elle aurait pu simplement baisser pavillon et concéder qu’il était temps de tourner la page. Voir son commerce survivre était toutefois toujours dans les plans. « J’ai refait un bail de trois ans après la pandémie, car je voulais sécuriser une relève potentielle. J’ai eu des acheteurs, mais personne n’a vraiment été loin dans les démarches. J’aurais aimé avoir quelqu’un avec moi à qui j’aurais pu léguer tout ça, mais bon. »
Un bon achalandage
Alors que certaines personnes s’interrogent à l’occasion sur le modèle des centres commerciaux, Mme Audet estime que pour elle, l’achalandage occasionné par les Galeries de la Chaudière lui était encore bénéfique. « Je n’ai jamais eu, en 23 ans ici, l’idée de sortir. Je me dis que dans le vêtement, il faut qu’il passe des gens et où retrouve-t-on cela ?, dans un centre commercial. Je n’ai jamais remis en question le coût du loyer ici. J’ai payé et j’ai eu le monde que je voulais. Ça se paye un achalandage. Le vêtement ne se vend pas par internet, car les gens doivent l’essayer », estime-t-elle.
Sa boutique étant maintenant fermée, Carole Audet poursuivra ses activités à titre de mentore, comme elle le fait depuis un certain temps déjà avec Développement économique Nouvelle-Beauce et prendra aussi un peu de repos avant de se trouver de nouvelles obligations. « J’aimerais ça travailler deux ou trois jours semaine. Des gens m’ont proposé des choses, mais j’ai d’autres chats à fouetter entre-temps. Une chose est certaine, je ne serai plus dans ce domaine, pour le moment à tout le moins. »