Le CIO impose des conditions à la réintégration des Russes et Biélorusses

LAUSANNE, Suisse — Le Comité international olympique (CIO) a exposé ses recommandations aux fédérations sportives internationales pour la réintégration des athlètes russes et biélorusses, des recommandations qui n’incluent pas les Jeux olympiques de Paris en 2024, mais vont à contre-courant de ce que souhaiterait l’Ukraine.

Les athlètes de la Russie et du Bélarus se sont fait donner des conditions, mardi, lors de la réunion de la commission exécutive du CIO, pour ête réadmis en compétitions internationales. Ces recommandations auprès des fédérations sportives ne touchaient toutefois pas aux JO 2024.

Et bien que le CIO ait recommandé plutôt qu’ordonner aux fédérations sportives ces lignes de conduite, cette décision défie les appels répétés à l’exclusion de ces athlètes par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pendant l’occupation de son pays.

Selon les recommandations faites aujourd’hui par le président du CIO, Thomas Bach, les athlètes de la Russie ou du Bélarus qui ont activement appuyé la guerre en Ukraine ou qui «sont sous contrat avec l’armée ou des agences nationales de sécurité» ne devraient pas obtenir le feu vert pour participer à titre d’athlètes neutres à des compétitions.

Le ministère russe de la Défense a indiqué que plus d’une vingtaine d’athlètes médaillés aux Jeux de Tokyo détenaient un rang militaire. Des 71 médailles gagnées à l’été 2021 au Japon, 45 étaient affiliés au Club sportif central de l’Armée russe.

Bach a ajouté en conférence de presse que les équipes russes et biélorusses «ne peuvent être considérées» pour un retour aux compétitions internationales.

Les épreuves par équipe, comme les relais, les doubles mixtes ou le concours général par équipe en gymnastique, devraient également exclure les athlètes de ces pays, peut-on lire dans le document produit par le CIO pour expliquer ses recommandations.

Dans ce document, les CIO précise qu’il souhaiterait voir les athlètes de la Russie et du Bélarus concourir sous le vocable d’Athlètes individuels neutres (AIN).

Ils devraient porter des uniformes blancs ou d’une seule couleur, sans avoir de logo d’équipe. Ces athlètes ne pourraient pas afficher leur drapeau sur les réseaux sociaux ou émettre des commentaires «qui pourraient être préjudiciables aux intérêts de la compétition, son intégrité, ou la neutralité du participant», indique ce document de 5 pages.

Les recommandations du CIO faites aux fédérations des sports olympiques «ne concernent pas» les Jeux de Paris, qui s’ouvriront dans 16 mois. 

«Le CIO va prendre cette décision au moment opportun et à sa pleine discrétion», a dit Bach, qui a ajouté: «Nous ne pelletons pas cela vers l’avant», quand on lui a demandé si le CIO n’attendait pas plutôt la fin du conflit.

Dans la Charte olympique, l’article 44.3 indique: «Personne ne peut se prévaloir du droit de participer aux Jeux olympiques».

Les sports olympiques doivent maintenant décider individuellement les conditions d’admissibilités des athlètes russes et biélorusses pour leurs compétitions, dont les épreuves de qualifications en vue des JO 2024.

Ces conditions suggérées par le CIO sont plus sévères que celles imposées à la Russie pour des cas systémiques de dopage aux Jeux d’été et d’hiver depuis 2018. Dans ces événements, des uniformes aux couleurs nationales pouvaient être portés et la musique de Tchaïkovski retentissait dans le stade quand les athlètes russes gagnaient une médaille d’or.

Le CIO suggère aussi aux compétitions de ne pas afficher les drapeaux russes ou biélorusses et de veiller à ce que les spectateurs n’en apportent pas dans les estrades.

Ces recommandations constituent tout un changement de cap du CIO, qui avait pressé les fédérations sportives d’isole la Russie et le Bélarus dans les jours suivant le déclenchement de la guerre.

En janvier, le CIO avait toutefois indiqué qu’il souhaitait trouver une façon de ramener les athlètes aux compétitions «sous de strictes conditions», avec l’objectif avoué de permettre aux Russes et Biélorusses de se qualifier pour les Jeux de Paris.

Bach a rappelé en de nombreuses fois les conseils d’une experte en droits de la personne de l’ONU, qui a soulevé que d’exclure des athlètes selon leur passeport serait discriminatoire.

Mardi, Bach a indiqué que ce changement de position était en partie dû au fait que certaines fédérations, comme le tennis et le cyclisme, avaient déjà réintégré de façon neutre les athlètes des deux pays visés. La décision de l’UEFA et de la FIFA d’exclure l’équipe nationale russe des qualifications en vue du dernier Mondial a toutefois été validée par le Tribunal arbitral du sport.

Zelenski n’a pas cessé d’exiger l’exclusion complète des athlètes de Russie et du Bélarus. Des athlètes ukrainiens ont aussi publiquement désavoué le CIO.

La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a par ailleurs indiqué qu’il ne devrait pas y avoir de délégation russe aux JO 2024 si la guerre en Ukraine se poursuit.