SOn auto, c’est sa bébelle

De toute évidence, il semblait bien qu’il n’y avait que des pépères et des mémères sur l’autoroute ce samedi matin. Du moins, c’est ce que devait penser l’un de ces conducteurs qui s’était ni plus ni moins réservé la voie de gauche.

Quand il nous avait doublé, il s’était probablement dit, en son for intérieur: «Regardez-moi ça; on dirait des vraies tortues. Pis je gage que dans ce char-l`à, c’est un bonhomme à chapeau ou une bonne femme les mains crispées sur le volant qui conduit! »

Que voulez-vous! Les lambineux , aux yeux de ce conducteur intrépide, faisaient juste se conformer à la signalisation routière. Leur vitesse, en ce samedi matin, tournait autour de 100 à 110 km à l’heure.

Mais le brave, lui, ne pouvait tout simplement pas suivre cette gang d’incapables  qui ont peur de «peser sur le gaz»,

On le voyait  donc filer sur la voie de dépassement. Puis soudainement… (mais non, il n’a pas pris le fossé), l’homme au volant de son bolide a dû ralentir la cadence comme tout le monde d’ailleurs. On venait d’entrer dans une zone de construction et une seule voie était réservée aux automobilistes. Forcément, la circulation était devenue plus lente.

Comment pouvait-il tromper son impatience? Voilà qu’il était pratiquement paralysé au milieu de ce troupeau qui respectait les consignes du chantier en roulant  à 70 km à l’heure. Pour se soustraire de cette réelle épreuve d’endurance, le brave conducteur s’était mis à faire du slalom. En le voyant  osciller d’un côté puis de l’autre, on avait même l’impression que son véhicule sautillait et finirait par frôler les blocs de béton posés des deux côtés de la chaussée.

Une fois sorti de cette zone, l’automobiliste juste derrière qui, incidemment  se trouvait aux premières loges pour observer les manœuvres du zigzagueur, avait sans doute voulu échapper à ce fou du volant. Il s’était donc engagé pour  le doubler, mais l’autre s’est dépêché de couper le passage sans signaler son intention. La manœuvre, inutile de le dire, nous était apparue pour le moins dangereuse. Les deux autos avaient failli se percuter.

À bien y penser, on s’était dit que durant tout le temps où il avait occupé notre champ de vision, le gars au volant de son auto ou plutôt sa belle grosse bébelle,  n’avait jamais actionné ses clignotants. Pensait-il que ceux-ci étaient un accessoire en option sur son véhicule?