Le 4 octobre 1920 venait au monde Agathe Grenier à Saints-Anges. Huitième d’une famille de 14 enfants, elle a compris très jeune l’importance de partager de bons moments auprès des siens, et cette joie de vivre ne l’a jamais quitté.
À l’âge de 5 ans, elle entrait à l’école de rang. Elle s’y rendait en traversant une forêt (parce que le chemin était moins long que par la route), ou encore à cheval lors des journées d’hiver. À la maison, sans eau ni électricité, il faisait bon vivre.
« Ma mère faisait nos vêtements. On mangeait tout ce qu’on cultivait. On n’était pas riches, mais on avait tout le temps quelque chose à manger. Nous avions une sucrerie, de la viande, des œufs… Je l’ai brassé la baratte! », a-t-elle lancé.
Membre d’une famille de blagueurs, de simples souvenirs de moments passés dans la cuisine lui accrochent d’immenses sourires. « Je viens d’une gang de malcommodes. Nos parents s’amusaient avec nous autres. Il y avait tout le temps de quoi! Je ne peux pas conter ça…, rougit-elle. On était heureux parce qu’on était ensemble. »
Par ailleurs, elle connaît sa chance d’avoir fait partie d’une famille de musiciens, pour qui toutes les raisons étaient bonnes pour organiser des soirées animées. Tellement qu’encore aujourd’hui, Mme Grenier joue du piano ou du violon à l’occasion.
En grandissant, elle a d’abord aidé sa mère avec ses frères et sœurs, avant de faire de même à Montréal pour une tante et à Québec pour un médecin. Elle gagne alors 8 $… par mois! Puis, elle se fait engager par l’entreprise WoodenPilBox, qui fabrique des pots de pilules en bois.
Dans ces années-là, la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe. Le peu qu’elle en sait lui arrive aux oreilles grâce à la radio, tandis que plusieurs jeunes hommes de la région réussissent à se faire exempter de la guerre parce qu’ils sont cultivateurs. D’autres se marieront à la sauvette, ou encore se cacheront dans les bois lorsque l’armée sera de passage.
À la même époque, elle se rappelle avoir déjà mis des briques dans le fourneau avant de les déposer par terre dans la voiture. La tactique permettait de réchauffer les pieds de sa famille lorsque celle-ci se rendait à la messe pendant l’hiver. (Un rendez-vous très important s’il en est!)
À l’âge de 30 ans, elle se marie à Jean-Louis Fecteau et redevient cultivatrice. Elle se rappelle que le jour du mariage de son frère, elle était enceinte de huit mois. Elle portait alors un corset très serré afin de cacher son ventre, car être enceinte était mal vu à l’époque.
Tout de suite, son beau-père et les quatre enfants de ce dernier emménagent dans sa maison. « Il y avait du monde! C’est devenu comme mes frères et sœurs », dit-elle. Après coup, si son premier fils est décédé à la naissance, Agathe Grenier a ensuite eu six autres enfants en santé. « J’ai construit des enfants! », a-t-elle plaisanté. Aujourd’hui, la dame de 101 ans est résidente du Château Sainte-Marie. Elle compte neuf petits-enfants et sept arrière-petits-enfants.
« Avoir du plaisir, ça, c’était ma vie. Il y a eu des moments difficiles, mais il faut les accepter. […] J’ai été à l’hôpital souvent, mais j’ai une bonne résistance. Je reviens tout de suite! J’ai été heureuse. J’ai toujours accepté ce qui se passait, parce que j’ai eu un bon mari et de bons enfants. J’aime le monde et je recommencerais ma vie », a-t-elle prononcé, sans regret.
Mme Grenier me disait ce soir, j’ai subi une opération pour les cataractes et depuis quand je me regarde dans le miroir, je vois de rides sur mon visage, je ne comprends pas j’en avais pas avant