Le fil de ma tondeuse

Le 17 mai dernier, une soixantaine de pays célébraient la 10e Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. De nos jours, et j’ajouterais depuis longtemps maintenant, il n’y a pas plus absurde qu’un homophobe. Est-il possible de détester une personne pour la couleur de ses cheveux? Voilà. Je préfère me haïr moi-même d’avoir jeté mon dévolu sur une tondeuse à gazon électrique… Cabochon!

Jusqu’en 1990, l’homosexualité faisait partie de la liste des maladies mentales. Vingt-cinq ans plus tard, le virus, c’est l’homophobie. Même à pas de tortue, la société a quand même fait du chemin. Un peu comme quand je tonds mon gazon mais je que dois changer de prise de courant parce que mon satané cordon d’alimentation est trop court… Tarla!

Depuis je ne sais combien de temps aussi, on parle de « sortie du garde-robe ». Étant hétérosexuel, il est vrai que j’ignore complètement ce que cela représente pour une personne de s’afficher telle qu’elle est. Personnellement, la seule honte que je ressente d’un garde-robe, c’est lorsque j’en sors avec mon maudit fil électrique orange… Zouf!

Par contre, cette étape s’appuie sur la notion d’aveu. Aveu de quoi? Les proches doivent-ils nécessairement donner leur bénédiction? Non! Ils doivent accepter la situation, point. Oui, certaines personnes peuvent vivre quelques malaises, et c’est humain. C’est comme voir ces brins d’herbe forts et fiers, semblant narguer l’appareil de tonte archaïque qui ne parvient pas à les atteindre sans une complète modification de stratégie. Que fait-on dans ce temps-là? On ne montre pas notre gêne au voisin jusqu’à ce qu’on assume que le problème ne vient pas du gazon, mais du tondeur.

Idem pour le mariage gai. Il s’agit d’un geste complètement inoffensif et purement symbolique. Il est complètement impossible que l’union de deux amoureux puisse nuire à la sécurité ou à la liberté de quiconque. Impossible. Est-ce que j’empêche mes voisins d’utiliser une tondeuse à essence ou rechargeable? Non, même qu’ils ont l’air très heureux.

Le débat est donc clos. Il faut mieux s’attarder sur de vraies questions de sociétés, telles que: Qu’est-ce qu’on attend de notre province? Quel avenir souhaite-t-on à nos enfants? Et surtout, quand ma tondeuse va bien vouloir briser pour que je puisse m’en acheter une neuve! Sans dessein!