La technologie, quel ennui!
COMMENTAIRE. Il y a 25 ans, lorsqu’on était tanné de jouer à la console de jeux, on appuyait sur le bouton « Power ». Aujourd’hui, il faut quitter la partie, confirmer qu’on quitte la partie, quitter le jeu, confirmer qu’on quitte le jeu, aller dans les options de la console pour éteindre le système, confirmer qu’on éteint le système et ensuite appuyer sur « Power ». Et si on ose pousser trop prestement sur le bouton magique, l’appareil nous gronde à la prochaine séance d’amusement. C’est beau la technologie…
Évidemment, je ne parle pas de la qualité de l’image, parce qu’il y a une monstrueuse différence entre le premier jeu « Pong » et la réalité virtuelle d’aujourd’hui. Certains sont si réels qu’on a vraiment l’impression (par exemple) de faire du ski. Vous savez ce qui est pareil que faire du ski? Faire du ski. Oui, la réalité virtuelle permet aussi de vivre des aventures extraordinaires sans risque dans le confort de son salon et le pissou en moi apprécie cette possibilité. Il faut simplement attendre que l’écran miniature vissé sur une paire de lunettes coûte moins de 2000 $…
Le pire, je crois, c’est en informatique. Premier irritant: les mots de passe. La machine à l’égo surdimensionné réclame des majuscules, des minuscules, des nombres, des symboles, au moins huit caractères mais pas plus de onze, et surtout pas un mot de passe qu’on a eu dans les 20 dernières années… Hey! C’est l’ordinateur de la famille, pas celui de la GRC!
Et avez-vous essayé d’installer un jeu que vous aimiez il y a sept ou huit ans dans votre nouvel ordinateur? Ça ne fonctionne pas. Eh non, il fait de l’âgisme en plus! C’est la différence même entre l’intelligence et la connaissance: peu importe de combien d’informations un poste informatique dispose, il n’a acquis aucune sagesse pour autant. Ça viendra peut-être un jour, mais en attendant, lance mon jeu et arrête tes caprices. Tu n’es qu’un objet poussiéreux sur lequel on empile le courrier qu’on est trop paresseux pour jeter!
Bien sûr, il y a d’autres domaines dans lesquels l’humanité a fait des progrès incroyables. En santé par exemple, des miracles grands et petits sont réalisés chaque jour. À l’opposé, il est impossible de trouver en vente libre un sirop contre la toux efficace. Des produits qui ne fonctionnent pas, tout le monde est capable d’en faire, alors enlevez ça de vos tablettes!
En transport, les voitures ont des gadgets toujours plus surprenants: caméra de recul, clé intelligente, stationnement automatique (quoiqu’ici, j’ai des doutes), etc. Le fait est qu’il y a quelques années déjà, j’ai su que des étudiants américains avaient construit un véhicule entièrement en blocs Lego. Même le moteur. Si j’ai bien compris, c’est la pression de l’air qui faisait avancer le tout. Bref, si des jeunes avec des Legos ont pu faire ça, je pense qu’on peut trouver mille alternatives à l’essence. Non? Bon, le « on » exclut la personne qui écrit, parce que les bolides que je construirais auraient tous un trou dans le plancher afin qu’on puisse les faire avancer avec les pieds (Yabba Dabba Doo!).
En industrie toutefois, je n’ai rien à dire (moi aussi, ça me surprend). Tout ce qui peut faciliter une tâche, améliorer les conditions de travail et développer une production mérite tout mon respect. Pourquoi j’en parle alors? Parce que je suis comme la technologie: je me raffine avec les années, mais je conserve un certain degré d’incongruité…