La promesse de jours meilleurs

Il était coiffé d’un chapeau blanc crème à larges rebords à l’image de ceux que les cow-boys portent fièrement. Son visage un peu rougeaud était en partie dissimulé par de grandes lunettes fumées et il roulait, le coude appuyé sur le dessus de sa portière d’auto.

C’était en fin de semaine dernière. J’avais croisé l’homme sur la route. Il était à bord de sa décapotable, une vieille Américaine des années 1960. Cette vision furtive m’avait fait sourire.

Il faisait réellement beau depuis deux jours. Le thermomètre s’était enfin décidé à osciller au-dessus de 20 degrés Celsius. La promesse de l’été se pointait enfin et le conducteur, sans doute chatouillé par une douce petite brise, semblait profiter pleinement du beau temps. Pour ma part, j’avais changé la position des boutons de chauffage de mon auto. Pour une première fois depuis des mois et des mois, j’avais actionné l’air climatisé.

Au dépanneur du coin, en attendant qu’un client ait complété son achat, je pouvais voir aussi la promesse de jours meilleurs. Certaines gens apprécient  bien l’hiver, mais soyons clairs : la plupart du monde préfère l’été. Enfin, les bottes, les gants, les foulards, les chapeaux et les lourds manteaux peuvent être mis au rancart pour environ sept mois!

Bon, en attendant mon tour, il y avait devant moi cet écran qui nous annonce la météo. Pas possible! Il ferait encore chaud le lendemain. Il y aurait bien des variations à la baisse, mais on allait prendre ce qui vient. Point final!

L’écran avait ensuite basculé vers une autre image. Une autre promesse s’inscrivait. Cette semaine, il y aurait un gros-lot de 50 M$ à gagner. Monsieur X avait engrangé  50 000 $. Madame Y, pour sa part, avait remporté la coquette somme de 78 000 $.

En attendant que le client ait fait vérifier ses billets, qu’il en ait acheté d’autres et qu’il ait empoché son gain de 4 $, cela me faisait penser à une certaine émission où on invitait des jeunes à prier le Dieu du jeu. Ils pourraient obtenir une auto, une maison et même un conjoint. Ils entreraient dans le monde adulte grâce au bon hasard. Es-ce un exemple à donner aux enfants? La vie ne se gagne pas réellement avec la loi du moindre effort.

De retour chez-moi, j’avais jeté un coup d’œil au petit carré de terre que je m’étais réservé pour en faire un mini-potager. Le beau temps avait fini par remplir sa promesse. Mes premières graines de semences avaient fini par germer!