Jouer avec son corps

COMMENTAIRE. Bien qu’une chronique sur l’autosatisfaction sexuelle serait amusante à écrire, je devine qu’elle serait de mauvais goût. Par conséquent, laissez-moi vous décevoir en vous disant que j’ai plutôt envie de parler de saines habitudes de vie (quoi qu’il n’y ait rien de malsain dans la sollicitation charnelle artisanale…, passons).

Je sais, en tant que bedonnant, je n’ai aucune crédibilité sur le sujet (le sujet de la santé, pas celui de la gestion personnelle de nos obligations libidineuses). Dans cet ordre d’idées, je ne vous ferai pas la morale.

Le principal problème, je pense, est que les experts ne s’entendent pas. Les végétaliens, les fervents de protéines, les amoureux de superaliments… Il existe une quantité presque effrayante de régimes aussi différents que contradictoires. Oui, ça peut fonctionner un moment, mais ça revient à conduire sur de longues distances avec des enfants turbulents à l’arrière: ça ne prend pas de temps que ça finit au McDo!

Parfois, pour se donner un début de sentiment de contrôle, on se met à examiner les fiches nutritionnelles sur les aliments. Un bon réflexe sans doute, mais les histoires que ces étiquettes diaboliques racontent finissent souvent très mal… La mayonnaise est sans gras? Oups, elle est bourrée de sucre. Le jus de légumes est faible en calories? Zut, il est plein de sel. Donc, on mange quoi? N’attendez pas de réponse, un pot de cornichons marinés, ça ne donne pas de conseil.

C’est ainsi qu’on commence à jouer avec notre corps (je ne parle toujours pas de caresses subombilicalement concentrées). En bref, on fait des tests et on espère pour le mieux. On triche parfois en se disant que « ça ne compte pas » pour je ne sais quelles excuses, tout en gardant en tête qu’il est important de se faire plaisir de temps à autre (en termes de nourriture, pas en termes de liberté de mœurs impudiques).

L’ancien homme fort Hugo Girard a dit récemment qu’il n’y avait aucune différence entre suivre un régime à moitié et ne pas le suivre du tout. J’ignore s’il a raison, mais je n’ai aucune envie de l’obstiner. Quoi qu’il en soit, l’image qui me vient en tête ici est celle d’un cube Rubik, à savoir que l’on tourne dans tous les sens sans savoir si ça nous rapproche réellement de notre objectif. On peut aussi se montrer malhonnêtes en interchangeant les autocollants des couleurs, mais ça ne ferait qu’enlever de la satisfaction d’avoir vraiment réussi, et la satisfaction, c’est l’élément essentiel au bonheur (la satisfaction de soi, pas la satisfaction de ses caprices physiologiques).

Sinon, les collations: bonnes ou mauvaises? Les boissons gazeuses diètes: acceptables ou non? Même les fruits, une valeur sûre depuis toujours, semble-t-il qu’ils ne sont pas si bons que ça. On est rendu là! De nos jours, il n’y a plus une seule mais bien plusieurs façons de penser pour prendre soin de notre santé. À la fin, je ne peux que vous souhaiter d’avoir trouvé la manière « la moins pire » de jouer avec votre corps.