Un nouveau conseil des ministres bien accueilli et pressé de s’attaquer aux dossiers

MONTRÉAL — Les syndicats espèrent que le nouveau conseil des ministres du gouvernement Legault en sera un de «dialogue social» et qui saura aussi s’occuper des travailleurs et de l’inflation qui frappe.

La plus grande centrale syndicale, la FTQ, souligne l’importance des négociations du secteur public, qui débuteront dans les prochains mois, ainsi qu’une hausse souhaitée du salaire minimum, minimalement à 18 $ l’heure, ainsi que la lutte contre l’inflation et la crise du logement.

«La FTQ attend des mesures structurantes et concrètes et non pas des moyens temporaires qui n’ont pas d’effet à long terme. Aussi, l’impact environnemental devra être au coeur des projets gouvernementaux», a souligné son président Daniel Boyer.

À la CSQ aussi, on a dit souhaiter que la «priorité des priorités» soit l’éducation. 

«Rarement a-t-il été si peu question d’éducation dans une campagne! Même constat d’ailleurs du côté de l’enseignement supérieur, de la santé et de la petite enfance, tout comme de la grande majorité des enjeux qui animent la CSQ et qui préoccupent nos membres au quotidien. Et pourtant, il y a tellement à faire», a lancé le président de la CSQ, Éric Gingras.

Chez la CSN, on redoute cependant qu’une plus grande place au privé soit faite en santé.

«Des années d’austérité budgétaire et de réformes centralisatrices ont laissé notre réseau en bien mauvais état pour faire face à la crise. Certains seront tentés de profiter de cet état de fait pour promouvoir encore plus la privatisation. Bien au contraire, nous sommes d’avis que ce qu’il faut prescrire pour le réseau, c’est la déprivatisation, la décentralisation et la démocratisation», a mentionné la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Énergie, environnement

Même Hydro-Québec a publié un très bref commentaire dans les médias sociaux, faisant allusion aux rumeurs de divergences de vues entre le nouveau super ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et la présidente-directrice générale de la société d’État, Sophie Brochu.

«La résistance et la tension, c’est normal dans notre métier, mais au bout du compte, l’important est que le courant passe», a commenté avec humour Hydro-Québec.

Le groupe écologiste Équiterre a été plus tiède que les autres, notamment face à la création du poste de super ministre de l’Économie et de l’Énergie qu’il juge «problématique». 

«Au cours du prochain mandat, nous souhaitons voir le gouvernement prendre de meilleures décisions en matière de développement économique et énergétique, qui tiendront davantage compte des limites de la disponibilité des ressources au lieu de répliquer le modèle de la surexploitation», a réagi Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales chez Équiterre.

Santé, enseignement

Dans le domaine de la santé, le Collège québécois des médecins de famille a salué la continuité avec le retour en poste du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, qui a promis une réforme en profondeur.

L’organisme dit vouloir participer à l’élaboration et à la mise en œuvre du plan annoncé de valorisation de la médecine de famille. «Il faut en faire une spécialité attrayante pour la relève et reconnaître l’engagement des médecins en pratique.»

Quant à elle, la FIQ espère que la CAQ va respecter ses promesses électorales concernant l’abolition des heures supplémentaires obligatoires et la diminution du recours aux agences.

La présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a souligné que M. Dubé «a démontré sa compétence en développant des approches de service pour des soins à court terme et des enjeux peu complexes», mais qu’il «n’a pas encore démontré sa capacité à régler de grands enjeux complexes comme l’exigent ses engagements».

De son côté, l’Association des établissements privés conventionnés a bien reçu la nomination de la nouvelle députée Sonia Bélanger à titre de responsable du dossier des Aînés. 

L’Association souligne que ses membres ont à coeur d’assurer «la viabilité et la pérennité du modèle privé conventionné existant» et qu’ils doivent pour ce faire disposer d’une «entente renouvelée qui assure les ressources financières, humaines et matérielles nécessaires à l’offre de soins et de services de qualité supérieure et sécuritaire aux personnes hébergées».

La nouvelle députée Pascale Déry, nommée à l’Enseignement supérieur, a aussi été bien reçue, notamment par la Fédération des cégeps.

«Pour relever les défis découlant de la situation actuelle sur le plan économique, démographique et climatique, s’attaquer aux pénuries de main-d’œuvre, former plus de jeunes, permettre à un plus grand  nombre d’adultes de se réorienter et outiller les citoyennes et citoyens pour qu’ils puissent prendre part aux débats sociaux, il faut soutenir les cégeps afin qu’ils servent encore mieux le Québec et sa population dans toutes les régions», a affirmé son pdg, Bernard Tremblay.

Économie, régions

Le premier ministre François Legault a choisi de ne pas faire de grand changement au sein de son trio économique (Économie, Finances et Conseil du trésor), ce qui a réjoui la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

«La communauté d’affaires de la métropole accueille favorablement la reconduction de ministres économiques expérimentés, alors que des nuages économiques pointent à l’horizon.

«Le ministre Pierre Fitzgibbon, le ministre Eric Girard et la ministre Sonia LeBel ont eu l’occasion de démontrer au cours des quatre dernières années une très grande maîtrise des finances du Québec», a louangé le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

Le Conseil du patronat du Québec a également estimé que «le milieu économique est entre bonnes mains».

M. Legault a aussi respecté son thème de campagne électorale — «Continuons» — en reconduisant à son poste la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest.

L’Union des municipalités du Québec a d’ailleurs affirmé qu’elle est prête à poursuivre le travail avec Mme Laforest.

«Notre étroite collaboration, au cours des quatre dernières années, nous a donné des résultats probants, notamment la signature d’une entente de partenariat Québec-municipalités (…). Cette collaboration nous permettra de relever les défis des prochaines années, dont l’impact de l’inflation sur les budgets municipaux et les coûts de plus en plus élevés pour nos projets», selon le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté.

Seule ombre au tableau: la nomination de Mathieu Lacombe comme ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Celui qui sera aussi ministre de la Culture et ministre responsable de l’Outaouais est député de Papineau, en Outaouais, ce qui a effrité les Chambres de commerce de l’Abitibi-Témiscamingue.

Ces dernières se sont dites abasourdies de constater qu’aucun député de leur région ne siège au conseil des ministres.

«Ce choix du gouvernement d’exclure notre région de la plus grande table de décisions du Québec est incompréhensible. Nous sommes évidemment préoccupés par la disponibilité du ministre Lacombe. (…) Nous aurons besoin de son plein engagement et nous serons présents pour nous en assurer», a prévenu la présidente de la Chambre de commerce de Val-d’Or, Valérie Gourde.