Un groupe d’experts sur la COVID-19 en Ontario sera dissous en septembre

TORONTO — Le groupe consultatif scientifique de lutte contre la COVID-19 en Ontario, qui a fourni des conseils et des orientations au gouvernement et au public pendant la majeure partie de la pandémie, sera dissoute à compter du 6 septembre. Le gouvernement Ford assure toutefois que son travail va se poursuivre. 

Selon une note du groupe scientifique obtenue par La Presse Canadienne, Santé publique Ontario prévoit remplacer le Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID 19 par un nouveau groupe plus petit qui sera plus contraint.

La note du groupe scientifique adressée à Santé publique Ontario, envoyée cette semaine, énonce une longue liste de préoccupations concernant ce qu’ils décrivent comme le plan de l’agence. Ils écrivent que cela étouffera l’indépendance du nouveau groupe dans la sélection des sujets à traiter, empêchera les scientifiques extérieurs de collaborer avec eux sur des mémoires et entravera la capacité du groupe à communiquer les résultats au public.

«Des questions critiques ont été soulevées par le comité de négociation concernant la manière dont les concepts largement acceptés d’indépendance scientifique sont limités», indique la note. 

«Bien que les dirigeants de Santé publique Ontario aient déclaré que les membres scientifiques du nouveau comité pourraient proposer des sujets, Santé publique Ontario aurait un droit de veto sur l’ordre du jour.»

L’école de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto a supervisé le groupe de scientifiques indépendants jusqu’au 4 avril, date à laquelle Santé publique Ontario a annoncé qu’elle accueillerait le groupe d’experts de façon permanente.

Elle a déclaré à l’époque que le groupe élaborerait un nouveau mandat pour garantir «la viabilité du groupe au fil du temps» et être élargi au besoin selon la situation et les futures crises.

Selon un message envoyé le 22 août par le comité de négociation du groupe scientifique, il avait essayé de travailler avec Santé publique Ontario sur un nouveau mandat. 

On avait initialement promis au groupe scientifique que le nouveau mandat serait basé sur son mandat initial, indique le message. Cependant, le 11 août, le comité de négociation du groupe scientifique a reçu une ébauche de nouveau mandat créé par Santé publique Ontario et le médecin-hygiéniste en chef. Il n’était basé sur aucun document antérieur sur lequel les parties s’étaient entendues, indiquait le communiqué et cela soulevait plusieurs préoccupations.

Après que le comité de négociation du groupe scientifique ait soulevé ces inquiétudes, il a été informé par Santé publique Ontario que le groupe était dissous, ont déclaré des sources au courant des discussions qui ne voulaient pas être identifiées par crainte de représailles professionnelles.

Santé publique Ontario a déclaré qu’il était encore en train de finaliser le mandat révisé et qu’il ne pouvait pas commenter davantage.

Dans une déclaration faite plus tôt dans la journée de vendredi, le groupe scientifique a indiqué qu’il était toujours en train de finaliser un nouveau mandat.

Celui-ci refléterait «une approche durable à long terme» et qui «garantit la fourniture continue de conseils scientifiques et techniques de santé publique crédibles et indépendants à la province sur la COVID-19 et les futures urgences de santé publique», peut-on lire. 

«Les membres continueront d’être composés d’experts indépendants», précise la santé publique ontarienne.

Les préoccupations concernaient notamment l’impossibilité de choisir les sujets, le fait que le nom du nouveau groupe – le Comité consultatif scientifique sur les urgences de santé publique de l’Ontario – sèmerait la confusion dans l’esprit du public, le manque de clarté des critères de sélection des 15 nouveaux membres, l’absence de stipulation selon laquelle le président doit être un scientifique et l’impossibilité de permettre à des scientifiques externes de co-signer des mémoires.

«(Cela) limitera considérablement la possibilité d’impliquer des scientifiques externes et des stagiaires dans les travaux du groupe, et sapera les normes de transparence scientifique et de responsabilité des travaux produits», indique la note. 

Les membres du Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID 19 ont indiqué vendredi dans un communiqué que Santé publique Ontario les avait informés de la dissolution. Ils ont expliqué que les travaux amorcés seront complétés dans les semaines à venir.

«Le travail du groupe scientifique reflète le dévouement remarquable des centaines de scientifiques, médecins et administrateurs bénévoles qui ont consacré leur temps à l’effort», ont-ils écrit.

«Nous sommes profondément reconnaissants d’avoir eu l’occasion de servir l’Ontario depuis juillet 2020. Beaucoup d’entre nous se souviendront de notre travail au Groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID 19 comme l’un des plus importants que nous n’ayons jamais eu la chance de faire», ont-ils ajouté.

Le premier ministre Doug Ford a déclaré qu’il ne mettait pas un terme au groupe scientifique. 

«Nous le transférons en fait à la santé publique, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. Ils ont eu une relation incroyable tout au long de cette pandémie. Ils vont avoir un lieu permanent, plutôt que d’être mis dans les limbes.»

Le ministère de la Santé a aussi mentionné vendredi dans un communiqué que le travail du groupe d’experts va se poursuivre. 

Les conseils et les orientations du groupe consultatif à certains moments de la pandémie ont été contraires aux actions du gouvernement, et son ancien directeur scientifique, le Dr Peter Juni, n’a souvent pas mâché ses mots.

Le Dr Fahad Razak, qui a succédé à M. Juni cette année, a déclaré dans un communiqué qu’il espère que les conseils scientifiques que le groupe a fournis au public et aux décideurs ont contribué à réduire les souffrances.

«La pandémie de COVID-19 restera un défi de taille dans un avenir prévisible et notre système de santé est soumis à une pression exceptionnelle en ce moment», a-t-il fait valoir.

«J’espère que nous pourrons prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire le fardeau de la pandémie afin de maintenir le fonctionnement de notre système dans les mois difficiles à venir.»