Un gouvernement majoritaire pour le PCU en Alberta, le NPD fait des percées à Calgary

EDMONTON — Le Parti conservateur uni (PCU) a remporté lundi des élections provinciales âprement disputées en Alberta.

Le parti de la première ministre sortante Danielle Smith a dominé à l’extérieur des deux plus grandes villes de l’Alberta tout en conservant suffisamment de soutien à Calgary pour surmonter un balayage du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Edmonton et remporter un deuxième gouvernement majoritaire consécutif.

« Pour paraphraser notre cher ami (ancien premier ministre de l’Alberta) Ralph Klein, bienvenue dans un autre miracle dans les Prairies », a lancé Mme Smith à ses partisans en liesse réunis sur le terrain du Stampede de Calgary.

Mme Smith a remercié les centaines de milliers d’Albertains qui ont voté PCU, mais s’est également adressée à ceux qui ne l’ont pas fait. « Bien que je n’aie pas fait assez selon votre jugement pour gagner votre soutien lors de cette élection, je travaillerai chaque jour pour écouter, m’améliorer et vous démontrer qu’on peut me faire confiance pour améliorer les questions qui vous tiennent tant à cœur. »

Le PCU a remporté ou a été déclaré en avance dans 49 circonscriptions, contre 38 pour le NPD de la cheffe Rachel Notley; la législature de l’Alberta compte 87 sièges, mais un décompte final était inconnu tôt mardi étant donné les courses serrées à Calgary.

Le changement représente une perte pour le Parti conservateur uni par rapport à la répartition des sièges de 63 contre 24 entre les deux partis en 2019.

La soirée électorale de lundi a été marquée par la lenteur de la livraison des résultats par Élections Alberta. Seule une petite fraction des résultats était disponible 90 minutes après la clôture des sondages et une victoire du PCU n’a pas été signalée avant 90 autres minutes.

Danielle Smith a facilement remporté son siège dans Brooks-Medicine Hat, tout comme Rachel Notley dans Edmonton-Strathcona.

Mme Notley a déclaré aux partisans réunis dans un hôtel du centre-ville d’Edmonton qu’elle resterait cheffe et dirigerait la plus grande opposition officielle de l’histoire de l’Alberta. «Nous continuerons de parler au nom des Albertains qui luttent pour faire entendre leur voix. Nous nous battrons pour de meilleurs soins de santé, une meilleure éducation, de meilleurs emplois», a-t-elle déclaré.

« Et mes amis, nous serons sans équivoque dans notre demande de respect de l’État de droit et d’une croyance sans réserve dans les droits humains et la dignité fondamentale. »

Le soutien à des tiers, comme le Parti centriste de l’Alberta, s’est effondré alors que les électeurs se sont concentrés sur les deux principaux prétendants.

Il y a eu 758 550 votes exprimés par anticipation, battant le précédent record de 700 746 comptés en 2019.

C’était la deuxième victoire en sept mois pour Danielle Smith, qui est âgée de 52 ans. Avant son retour l’an dernier, elle avait quitté la politique pendant sept ans, travaillant principalement comme animatrice d’émissions de radio à Calgary et analyste politique.

Elle a proposé une plate-forme électorale basée sur la lutte au crime et la réduction de l’impôt sur le revenu des particuliers dans ce qui est déjà la juridiction la moins imposée au Canada. Elle a promis un projet de loi interdisant toute hausse future de l’impôt sur le revenu des sociétés ou des particuliers sans tenue d’un référendum.

Mme Smith a aussi visé à séduire les électeurs de Calgary en annonçant, à la veille de la course, une contribution provinciale de 330 millions $ à un accord de 1,2 milliard $ avec la ville et les propriétaires des Flames de Calgary pour un nouvel aréna de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Pour sa part, le NPD a dominé à Edmonton, une ville dans laquelle il a remporté tous les sièges en 2019, sauf un. 

Le vote a mis fin à une campagne amère. Les deux principaux partis ont averti qu’on ne pouvait pas faire confiance à l’autre pour l’économie ou pour réparer un système de santé en proie à de longues attentes chirurgicales, des urgences débordées et une pénurie de médecins de famille .

Danielle Smith a été harcelée par une litanie de commentaires et d’actions _ passés et présents _ qui ont déplacé le parti plus loin vers la droite politique tout en aliénant les modérés et en incitant certains anciens progressistes-conservateurs à annoncer qu’ils voteraient pour le NPD. Mme Smith a comparé les vaccinés contre le COVID-19 à des adeptes d’Adolf Hitler. Et il y a deux semaines, la commissaire à l’éthique de l’Alberta a conclu qu’elle avait violé un principe démocratique fondamental plus tôt cette année en s’appuyant sur son ministre de la Justice, sans succès, pour abandonner l’affaire pénale contre un manifestant COVID-19.

Danielle Smith a également refusé de désavouer des commentaires passés selon lesquels elle aimerait voir les patients payer de leur poche certains services médicaux afin de maintenir la viabilité du système. Cependant, elle a promis pendant la campagne électorale qu’elle respecterait le caractère sacré de l’assurance-maladie.

Elle a également promis de revoir, après les élections, des propositions telles que l’abandon de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à la faveur d’une force de police provinciale et le retrait du Régime de pensions du Canada (RPC).

Danielle Smith, qui a été cheffe du parti Wildrose dans le passé, a remporté la direction du PCU en octobre dernier, capitalisant sur le large ressentiment du parti envers le chef de l’époque Jason Kenney, le premier ministre Justin Trudeau et les règles de santé COVID-19. 

En 2012, alors qu’elle dirigeait le Wildrose, elle a vu une avance dans les sondages tardifs s’évaporer après avoir remis en question la science du changement climatique et refusé de sanctionner des candidats pour des propos intolérants, dont un qui a appelé les homosexuels à se repentir ou à faire face à des souffrances éternelles en enfer. 

Le Wildrose et les progressistes-conservateurs ont uni leurs forces pour créer le PCU en 2017 et, dirigé par Jason Kenney; le parti a vaincu le NPD aux élections de 2019.