Sécurité: ASFC et GRC témoigneront sur l’impact des plans de Trump pour la frontière

OTTAWA — Alors que le Canada cherche à renforcer la sécurité de ses frontières après que le président élu Donald Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers tout en s’inquiétant de l’afflux de fentanyl illicite dans son pays, les autorités frontalières ont fait remarquer qu’il n’y en avait pratiquement pas en provenance du Canada.

Aucun d’entre eux n’a toutefois voulu prononcer le nom de Donald Trump lorsqu’ils l’ont dit.

«Le Canada n’est pas une source importante de fentanyl aux États-Unis», a déclaré Aaron McCrorie, vice-président du renseignement et de l’exécution de la loi à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

Il a fait ce commentaire devant un comité de la Chambre des communes chargé d’étudier l’impact des plans du président élu Donald Trump en matière de sécurité frontalière et de migration.

Les agents frontaliers ont saisi 4,9 kilos de fentanyl au cours des trois premiers trimestres de l’année, la plus grande quantité étant de 4,1 kilos à destination des Pays-Bas, a expliqué M. McCrorie. Les autres saisies étaient toutes de petites quantités personnelles interceptées le long de la frontière terrestre. Il n’existe aucune statistique suggérant des expéditions importantes en provenance du Canada.

La présidente de l’ASFC, Erin O’Gorman, a également indiqué que la Drug Enforcement Administration des États-Unis avait qualifié la quantité provenant du Canada de «dérapage», soit de petites quantités envoyées pour usage personnel, principalement par la poste.

Cela ne banalise pas pour autant le problème. L’ASFC concentre ses efforts sur les expéditions de petits colis, a-t-elle mentionné, qui sont difficiles à détecter et peuvent entraîner de nombreuses pertes de vies.

Donald Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers de 25 % au Canada et au Mexique à moins que ces deux pays renforcent la sécurité à la frontière pour freiner les flux de fentanyl illicite.

Pendant la campagne présidentielle, le républicain a aussi menacé d’expulser des millions de personnes sans papiers, ce qui a suscité des craintes qui pourraient déclencher un afflux de migrants au Canada.

Interrogée par le député néo-démocrate Alistair MacGregor sur ce à quoi le Canada pourrait être confronté si Donald Trump donne suite à sa décision et si les centres de surveillance de l’immigration sont à la hauteur de la tâche, Mme O’Gorman a avancé que son organisation n’avait pas de projections ou d’estimations de ce à quoi cela pourrait ressembler.

«Nous sommes prêts à une augmentation», a-t-elle soutenu.

Ottawa élabore de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité à la frontière en augmentant le personnel et l’équipement face aux menaces tarifaires de Donald Trump.

Le premier ministre Justin Trudeau a partagé son plan frontalier avec les premiers ministres lors d’une réunion mercredi soir, et Ottawa prévoit d’ajouter leurs suggestions au prochain ensemble de mesures.

Plusieurs médias ont rapporté que la facture pour cela pourrait dépasser 1 milliard $, citant des sources confidentielles. Le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Michael Duheme, a indiqué qu’il était surpris de voir ce chiffre évoqué dans les manchettes, mais il n’est pas certain qu’Ottawa va réellement investir autant dans le renforcement de la frontière.

Il n’a pas voulu communiquer aux journalistes les détails de sa liste de souhaits ni le montant d’argent qu’il a demandé, affirmant que l’annonce se ferait bien assez tôt.

«Vous avez entendu le ministre dans le passé dire que nous avons des drones, des hélicoptères, et que nous voulons moderniser tout ce que nous avons avec de l’équipement technologique et des ressources humaines supplémentaires», a-t-il déclaré à l’extérieur de la salle du comité.

«Nous avons actuellement des drones que nous utilisons pour patrouiller les zones difficiles d’accès et ainsi de suite. Nous voulons simplement moderniser l’équipement et passer à la technologie plus avancée dont ils disposent afin de mieux sécuriser la frontière.»

Selon un responsable de la GRC, la force policière dispose actuellement de plus de 900 drones et de neuf hélicoptères répartis dans tout le pays, dont six assurent occasionnellement la surveillance des frontières.

Des premiers ministres en faveur du renforcement à la frontière

Entre-temps, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a annoncé jeudi le nouveau plan de sécurité frontalière de la province, qui comprend une nouvelle unité de patrouille et des drones. Elle a fait savoir que la province ne soutenait pas les tarifs de rétorsion et préférait la voie diplomatique.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a expliqué que lui et d’autres premiers ministres soutenaient la nécessité d’une sécurité frontalière renforcée pour lutter contre les migrants illégaux et les drogues illicites.

«Il existe un large soutien pour augmenter l’investissement dans la sécurité frontalière au nom des Canadiens, et pas seulement parce que le président élu (Trump) l’a demandé», a-t-il précisé.

Selon l’ASFC, il existe 1200 points d’entrée dans tout le pays, où travaillent environ 8500 employés de première ligne.

L’ASFC emploie également plus de 200 enquêteurs criminels et quelque 60 agents internationaux dans 40 missions dans 35 pays à l’étranger.

«L’ASFC consacre stratégiquement ses ressources à répondre aux menaces auxquelles le Canada est confronté tout en soutenant la circulation des échanges commerciaux et des déplacements légitimes à travers la frontière», a ajouté Rebecca Purdy, porte-parole de l’ASFC.

Au cours du dernier exercice financier, l’ASFC a saisi près de 51 millions de grammes de drogues illicites, plus de 27 000 armes interdites et près de 900 armes à feu.

— Avec des informations de Chris Purdy à Edmonton et de Jeremy Simes à Regina.