Ottawa devrait trouver sa propre voie face aux initiatives américaines sur le climat

OTTAWA — Alors que le gouvernement fédéral prépare son budget du printemps, un organisme de recherche sur le climat exhorte Ottawa à adopter des mesures toutes canadiennes pour répondre aux incitatifs américains vers les «énergies propres».

L’Institut climatique du Canada a publié mardi un rapport contenant des recommandations formulées au gouvernement fédéral sur la manière de répondre à la loi américaine sur «la réduction de l’inflation» adoptée à Washington l’été dernier.

L’Institut affirme que le gouvernement canadien ne devrait pas essayer de copier les incitatifs et les subventions offerts par les États-Unis, mais plutôt opter pour «une approche sur mesure».

La loi sur la réduction de l’inflation, promulguée en août dernier par le président américain Joe Biden, prévoit un investissement de près de 400 milliards $ US dans une myriade d’initiatives, allant des minéraux essentiels à la fabrication de batteries, en passant par les véhicules électriques et l’«électricité propre», y compris avec de l’hydrogène.

Marisa Beck, directrice de la croissance propre à l’Institut, a indiqué mardi aux journalistes que pour concurrencer cette initiative américaine, le Canada ne devrait pas essayer de la reproduire, mais plutôt adopter des politiques judicieuses et ciblées.

La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a souvent indiqué que le budget de mardi prochain comprendra des moyens de maintenir la compétitivité du Canada alors que les pays font la transition de leur économie vers des énergies et des technologies plus propres.

«Nos amis et partenaires du monde entier, au premier rang desquels les États-Unis, investissent massivement pour bâtir des économies propres», a encore déclaré Mme Freeland lundi, en visite à Oshawa, en Ontario.

«Aujourd’hui et dans les années à venir, soit le Canada tirera parti de ce moment historique (…) soit nous serons laissés pour compte alors que les démocraties du monde bâtissent l’économie propre du 21e siècle.»

Pas trop subventionner l’industrie

Le gouvernement fédéral a fait le premier pas en novembre dans ses efforts pour maintenir la compétitivité du Canada en offrant de nouveaux crédits d’impôt pour les technologies propres et la production d’hydrogène à faibles émissions, dans son énoncé économique de l’automne.

Le budget de mardi prochain devrait décrire comment le Canada entend maintenir une croissance économique et passer à une économie propre.

L’Institut climatique du Canada affirme que le Canada devrait poursuivre avec des politiques ciblées qui ne subventionnent pas trop l’industrie, mais soutiennent plutôt «des projets qui bénéficient à la société, ce que les marchés ne peuvent faire seuls». 

L’Institut salue le nouveau Fonds de croissance du Canada et les crédits d’impôt à l’investissement proposés dans l’Énoncé économique de l’automne. Mais il estime que ce Fonds de croissance, qui investira dans des projets d’énergie propre à l’aide de fonds publics, devrait s’efforcer d’équilibrer le risque et le rendement pour la population. Et une fois que les projets deviennent rentables, le gouvernement devrait retirer son soutien financier, croit l’Institut.

«Des engagements à long terme sur 10 ou 15 ans offrent évidemment beaucoup de certitude aux investisseurs. Mais ils peuvent devenir très coûteux s’il s’avère que les projets sont sursubventionnés», a expliqué Mme Beck.

L’Institut climatique du Canada se décrit comme un organisme de bienfaisance «voué à la recherche et à l’éducation sur les changements climatiques». Il est membre du Réseau international des conseils climatiques.