Les partis n’ont pas la même stratégie pour les commerces de cannabis au détail

LONDON, Ont. — Les libéraux et néo-démocrates ontariens promettent de réviser le système de permis de vente de cannabis au détail qui, selon eux, ne fonctionne pas. Pour les progressistes-conservateurs, c’est un problème que le marché résoudra de lui-même.

On observe des regroupements de commerces de cannabis dans certaines collectivités de l’Ontario. Toutefois, d’autres municipalités ont carrément interdit ces boutiques. Il existe dans la province une inégalité d’accès de fait à ce produit.

«C’est un enjeu important dans un grand nombre de collectivités», a souligné le chef libéral Steven Del Duca au cours d’une halte de campagne dans l’ouest de Toronto, samedi. 

Il a parlé des juridictions qui imposaient une certaine distance entre des commerces vendant des produits du cannabis.

«Nous visons le même but», a-t-il souligné, en ajoutant que les municipalités auraient un mot à dire dans le processus.

Selon lui, le regroupement des commerces de détail de cannabis dans un même secteur est un effet secondaire de la stratégie adoptée par le gouvernement progressiste-conservateur lors de la légalisation du cannabis.

Le précédent gouvernement libéral prévoyait ouvrir 40 commerces gérés par le gouvernement d’ici 2018 et d’étendre le réseau à 150 boutiques d’ici 2020. Le gouvernement Ford a adopté une autre stratégie parce que le recours à un système privé et l’ajout de commerces répondaient plus efficacement à la demande et nuiraient au marché noir.

Depuis, des centaines de commerces ont ouvert leurs portes, certains les uns à côté des autres.

«Ce n’est pas assez bon, a dit M. Del Duca du système mis en place par le gouvernement progressiste-conservateur. Permettre la mise en place d’un système arbitraire? Ça ne suffit pas!»

Doug Ford dit que le regroupement des commerces dans un même quartier est un problème temporaire qui sera résolu par les forces du marché sans une intervention gouvernementale.

«Ce n’est pas une question de cannabis ou d’un autre produit. Le marché s’en occupera. On ne peut pas établir des commerces de même type les uns à côté des autres. C’est comme si on ouvrait six dépanneurs sur la même rue. Seulement deux d’entre eux continueraient d’exister», a-t-il lancé lors d’une halte de campagne à London.

M. Ford juge que c’est la prérogative des villes de décider si elles permettent l’ouverture de commerces vendant au détail des produits du cannabis.

«Je laisse cela aux municipalités. Personne ne connaît mieux sa communauté qu’une municipalité», a-t-il déclaré.

La cheffe du NPD, Andrea Horwath, croit que les municipalités doivent être impliquées dans les décisions liées au commerce au détail du cannabis, mais elle se dit prête à rouvrir la discussion sur les regroupements.

«J’entends surtout les inquiétudes des collectivités et des municipalités au sujet de l’occupation d’un type de commerce dans un quartier donné. Je n’ai pas peur d’examiner cela. Il faut que cela soit fait.»

Dans son programme pour la grande région de Toronto, le NPD dit vouloir «donner plus de poids aux villes dans les processus décisionnels concernant la distribution des magasins de cannabis». Le parti souhaite éviter des situations où certains quartiers n’en ont aucun alors que d’autres en ont trop.

La députée néo-démocrate Marit Stiles avait présenté un projet de loi en ce sens l’an dernier.

En collaboration de Maan Alhmidi et de Jessica Smith à Toronto.