La Russie dit avoir fermé le bureau de CBC/Radio-Canada à Moscou

MONTRÉAL — Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré qu’il fermait le bureau de Moscou de CBC/Radio-Canada et révoquait les accréditations et les visas de ses journalistes.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que cette décision était une mesure de représailles à l’interdiction de diffusion au Canada par Ottawa du média RT soutenu par le Kremlin, anciennement connu sous le nom de Russia Today, et de RT France.

CBC/Radio-Canada s’est dite «profondément déçue» que le gouvernement russe ait décidé de fermer son bureau à Moscou. 

«À notre connaissance, c’est la première fois dans l’histoire de CBC/Radio-Canada qu’un gouvernement étranger ordonne la fermeture d’un de nos bureaux. Cela semble être un pas de plus par la Russie pour étouffer une presse libre et indépendante à l’intérieur de ses frontières», a déclaré la télévision publique dans un communiqué.

«Nous sommes énormément fiers de la couverture que nos correspondants ont produite en Russie depuis tant d’années et nous continuerons de raconter l’histoire de la Russie depuis l’extérieur du pays», a affirmé le diffuseur, soulignant que CBC/Radio-Canada a «maintenu un bureau à Moscou pendant 44 ans».

«Notre couverture est clairement totalement indépendante du gouvernement canadien et nous sommes troublés de voir que le gouvernement russe essaie de confondre les deux», a-t-on ajouté.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a retiré RT et RT France de sa liste autorisée de services de programmation et de stations à la mi-mars après avoir conclu que la programmation ciblant les Ukrainiens constituait des commentaires abusifs.

Cette décision est intervenue après que le gouvernement fédéral a officiellement demandé au CRTC de revoir la présence du diffuseur sur les ondes canadiennes le 2 mars.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré à ce moment qu’il fallait agir pour lutter contre les mensonges et la désinformation de la Russie concernant l’invasion de l’Ukraine, y compris sur les réseaux sociaux.

De nombreux autres pays, et l’ensemble de l’Union européenne, ont également interdit les émissions de RT.

En mêlée de presse, mercredi, à Ottawa, M. Trudeau a déclaré qu’il était «extrêmement important de toujours soutenir la liberté de la presse et le travail professionnel que font les journalistes partout dans le monde». 

«Ce n’est pas une grande surprise que c’est une menace pour (Vladimir) Poutine qui dépend de la désinformation, de la mésinformation, pour induire ses citoyens en erreur, pour essayer de justifier cette guerre illégale. Nous allons toujours être là pour investir, pour appuyer les journalistes qui vont faire leur travail de façon indépendante et rigoureuse pour partager la vérité», a-t-il soutenu.

Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a affirmé que «ces actions montrent clairement que Poutine et ses complices ne peuvent imaginer une réalité dans laquelle la presse est autorisée à faire son travail sans recevoir ses ordres du gouvernement». 

«Nous continuerons à défendre la liberté de la presse au Canada et dans le monde entier», a-t-elle déclaré sur Twitter.

«Nous sommes en contact avec Radio-Canada sur ces développements. Nos représentants et le personnel de notre ambassade à Moscou sont prêts à aider au besoin», a ajouté la ministre.

CBC/Radio-Canada a déclaré le 4 mars qu’il avait temporairement suspendu ses activités journalistiques en Russie en raison d’une nouvelle loi qui viserait, selon le diffuseur public, «à criminaliser la couverture journalistique neutre et impartiale de la situation actuelle en Ukraine et en Russie».

En avril, la Russie a élargi une liste de Canadiens sanctionnés, ajoutant 61 personnes, dont plusieurs journalistes comme le correspondant international du «Globe and Mail» Mark MacKinnon, le chroniqueur du «National Post» John Ivison et la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait.