C’est à Trudeau de décider s’il accepte un vote secret sur son leadership, dit un élu
OTTAWA — Il revient au premier ministre Justin Trudeau de décider s’il accepte de se soumettre à un vote secret de son caucus sur son leadership, croit l’un des députés libéraux demandant un tel scrutin confidentiel.
Questionné mercredi sur le fait que les ministres balaient du revers de la main l’idée d’un tel vote, l’élu ontarien Yvan Baker a répondu qu’ils n’ont pas de contrôle sur cette question.
«Ce n’est pas la décision des ministres, ce n’est pas ma décision. Je pense que c’est le premier ministre qui doit décider qu’on veut avancer de cette manière. On devrait l’entendre sur ce sujet-là», a-t-il dit.
M. Trudeau ne s’est pas arrêté mercredi pour répondre aux questions des journalistes alors qu’il se rendait à une réunion de son caucus. Il ne l’a pas plus fait plus tard dans la journée.
M. Baker et d’autres de ses collègues estiment qu’un vote de confiance visant le premier ministre tenu en secret est la solution pour tourner la page sur l’épisode de remise en question du leadership de M. Trudeau.
«Je pense que si le premier ministre et son équipe disent qu’ils croient que celui-ci jouit du soutien de la vaste majorité du caucus, il n’y a pas de raison pour que le premier ministre refuse cela», juge M. Baker.
Le député montréalais Anthony Housefather a pour sa part signalé qu’il a toujours été en faveur d’une loi prévoyant un mécanisme pour exclure un membre du caucus, dont le chef. Le Parti libéral n’a pas adhéré à cette loi.
Le caucus libéral est divisé sur la question d’un vote secret. Mardi, de nouveaux élus, comme le Néo-Brunswickois René Arseneault, se sont exprimés publiquement en faveur. Néanmoins, la députée d’expérience Judy Sgro est d’avis que le nombre de députés demandant le départ de M. Trudeau est loin d’être grandissant. «C’est un nombre en baisse», a-t-elle soutenu mercredi.
Il est vrai que l’élu dissident Sean Casey a dit vouloir passer à autre chose après que M. Trudeau eut exprimé son intention de demeurer comme chef. Cela ne l’empêche pas de réclamer un vote secret sur le leadership de ce dernier. Il n’est pas clair si les autres députés mutins sont prêts à tourner la page.
La députée et ex-ministre Helena Jaczek a affirmé lundi au réseau CTV qu’elle sentait que plusieurs de ses collègues étaient quelque peu hésitants à exprimer leur opinion dans un forum public. L’élue s’est affichée en faveur d’un vote secret.
La réunion de mercredi a été nettement moins longue que celle de la semaine précédente. Des députés avaient profité de cette rencontre antérieure de plus de trois heures pour demander à M. Trudeau de quitter son poste de chef.
Cette fois-ci, la question du leadership n’a pas été centrale, a indiqué l’élu Nathaniel Erskine-Smith. Une présentation de la stratégie en vue des prochaines élections a été faite aux élus par Andrew Bevan, le nouveau directeur de campagne des libéraux.
Le député de la Colombie-Britannique Ken Hardie s’est dit «extrêmement heureux» de ce qu’il a pu voir en caucus.
Malgré cela, un autre élu de la même province, Patrick Weiler, ne croit pas que la page soit tournée sur la dissension au caucus. Celui-ci est un partisan de l’idée d’un vote secret sur le leadership de M. Trudeau.
«Je pense qu’il y a beaucoup de questions non résolues qui doivent encore trouver réponses. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui cherchent toujours des réponses (…) et ça persistera, je crois, jusqu’à ce qu’on y réponde», a-t-il dit en se rendant à la période des questions.
L’élu québécois de Louis-Hébert, Joël Lightbound, maintient que la décision de M. Trudeau de partir ou de rester lui revient entièrement.
«Mon éthique personnelle me dit que c’est une décision qui revient à Justin Trudeau. À partir du moment où il a pris sa décision, il faut s’unir, se concentrer sur ce qui compte. Pour moi, ce qui compte, ce sont bien plus les politiques du gouvernement que la politique au Parti libéral», a-t-il affirmé.
L’élu a soutenu qu’il est personnellement «agnostique» quant à l’idée d’un vote secret, mais qu’il ne croit pas qu’un tel processus soit nécessaire.
M. Baker a quant à lui relevé que les députés votent déjà de façon anonyme, dans bien des cas, pour élire leurs présidents de caucus et donc «il y a des précédents».
Dans le cas présent, un vote secret sur le leadership de M. Trudeau permettrait, selon lui, aux députés de «voter avec leur conscience sans peur de répercussions ou conséquences».
Ni le ministre de la Santé, Mark Holland, ni celui de l’Immigration, Marc Miller, n’ont voulu dire si les députés dissidents devraient quitter le caucus libéral s’ils refusent de se ranger derrière M. Trudeau.
«C’est leur choix de le faire, mais je pense qu’on peut rallier et s’assurer qu’on est un caucus uni», a dit M. Miller.
À son avis, il revient «à l’entièreté du caucus» de décider de la tenue, oui ou non, d’un vote secret.
– Avec des informations de Michel Saba