L’Estonie et la Finlande demandent de ne plus délivrer de visas aux touristes russes

COPENHAGUE — Les premières ministres estoniennes et finlandaises souhaitent que les autres pays européens cessent de délivrer des visas de tourisme aux ressortissants russes, qui ne devraient pas selon elles pouvoir prendre des vacances en Europe pendant que Moscou mène une guerre en Ukraine.

La première ministre estonienne, Kaja Kallas, a écrit mardi sur Twitter que «visiter l’Europe est un privilège, pas un droit individuel», et qu’il est «temps de mettre fin maintenant au tourisme en provenance de Russie».

La veille, son homologue en Finlande, Sanna Marin, avait déclaré à la chaîne de télévision finlandaise YLE qu’«il n’était pas juste que la Russie mène une guerre d’agression brutale en Europe pendant que les Russes mènent une vie normale, voyagent en Europe en touristes».

Dmitri Medvedev, proche collaborateur du président Poutine et chef adjoint du Conseil de sécurité russe, a rejeté l’appel de la première ministre estonienne, ajoutant de manière inquiétante: «Je veux juste lui rappeler un autre dicton: ‘Le fait que vous soyez libres n’est pas un mérite pour vous, mais une tare pour nous’».

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est allé plus loin lundi, dans une interview au Washington Post, affirmant que tous les pays occidentaux devraient interdire d’entrée les touristes russes.

L’Estonie et la Finlande bordent la Russie et sont membres de l’Union européenne (UE), qui a interdit les voyages aériens depuis la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Mais les Russes peuvent toujours voyager par voie terrestre vers ces deux pays. Certains prendraient, semble-t-il, des vols vers d’autres destinations européennes à partir de ces deux pays.

Alimenter la propagande de Moscou?

Les appels à une interdiction de voyager ont suscité l’indignation en Russie, à la fois du Kremlin et de ses détracteurs. Des personnalités publiques proches de l’opposition à Vladimir Poutine ont estimé dans les réseaux sociaux que ces commentaires alimentaient la propagande anti-occidentale de Moscou et ne faisaient rien pour arrêter cette guerre.

La chaîne de télévision YLE a rapporté la semaine dernière que des entreprises russes avaient commencé à proposer des trajets en voiture de Saint-Pétersbourg vers les aéroports d’Helsinki et de Lappeenranta, en Finlande, qui offrent des liaisons directes vers plusieurs villes européennes. La deuxième plus grande ville de Russie se trouve à environ 300 km de la capitale finlandaise.

Les visas délivrés par la Finlande sont valables dans la majeure partie de l’«espace Schengen», qui comprend 26 pays: 22 de l’Union européenne, plus l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

La Finlande a recommencé le 1er juillet à accepter les demandes de visas de touristes en provenance de Russie, après plusieurs mois de restrictions sanitaires pendant la pandémie. Certains pays de l’UE ne délivrent plus de visas aux Russes, dont la Lettonie, qui a pris cette décision ce mois-ci en raison de la guerre.

La question des visas devrait être discutée lors d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE le 31 août, a rapporté YLE.

Le président Zelensky a déclaré au Washington Post que «les sanctions les plus importantes sont de fermer les frontières» pour tous les voyageurs russes, même ceux qui ont quitté le pays et s’opposent à la guerre. Les Russes devraient «vivre dans leur propre monde jusqu’à ce qu’ils changent de philosophie», a déclaré M. Zelensky.