Les pays du monde sont «invités à se rallier» derrière l’enquête de la CPI en Ukraine

LONDRES — Les responsables de la justice en Ukraine et le procureur de la Cour pénale internationale ont appelé lundi les pays du monde entier à augmenter le financement et le soutien aux enquêtes sur les crimes de guerre présumés en Ukraine, afin de garantir que la Russie assume la responsabilité de ses actes.

Les ministres de la Justice de plus de 40 pays, dont le Canada, se sont rendus à Londres pour la conférence sur les crimes de guerre, organisée conjointement par le Royaume-Uni et les Pays-Bas. 

Cette rencontre visait à rallier un soutien supplémentaire aux enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) sur les atrocités qui auraient été commises par les forces russes en Ukraine.

Cette conférence a lieu quelques jours après que le tribunal international a lancé vendredi un mandat d’arrêt contre le président russe, Vladimir Poutine, l’accusant de responsabilité personnelle dans l’enlèvement d’enfants d’Ukraine. 

C’est la première fois que la CPI émet un mandat contre le dirigeant de l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

À l’ouverture de la réunion de Londres, le secrétaire britannique à la Justice, Dominic Raab, a souligné que le président Poutine et l’ensemble des dirigeants devaient être tenus responsables de leurs actes. 

«Assurons-nous que nous étayons nos paroles par des actes, que nous étayons notre soutien moral par des moyens concrets pour enquêter efficacement sur ces crimes horribles», a-t-il dit.

Le Royaume-Uni a promis 395 000 livres supplémentaires (près de 660 000 $ CAN) pour soutenir la CPI, portant son financement à 1 million de livres (1,7 million $). Le gouvernement britannique a déclaré que d’autres pays devaient également s’engager à financer les enquêtes du tribunal international.

Karim Khan, procureur général de la CPI, a déclaré à Londres que le mandat d’arrêt lancé contre le président Poutine n’était pas un moment de triomphe, mais une «sombre occasion» de rappeler au monde la nécessité d’une action commune pour rendre justice à l’Ukraine.

«Si nous ne nous accrochons pas à la loi en ce moment des affaires mondiales, si nous ne nous regardons pas et ne nous demandons pas comment nous pouvons faire mieux (…) nous ne manquerons pas seulement une opportunité: nous n’aurons peut-être plus d’opportunités», a plaidé Me Khan.

Andriy Kostin, procureur général d’Ukraine, a déclaré à Londres que l’enlèvement et le transport de milliers d’enfants ukrainiens vers la Russie faisaient partie d’un «plan clair» de Moscou visant à «détruire l’Ukraine et l’identité ukrainienne».

Son bureau a déjà ouvert des enquêtes sur plus de 72 000 incidents de crimes de guerre dans son pays, a-t-il ajouté.

Le ministre Kostin a également exhorté les dirigeants mondiaux à soutenir la création d’un tribunal international spécial afin d’enquêter et de poursuivre les dirigeants russes pour le crime plus large d’«agression». L’Union européenne, entre autres, a soutenu l’idée, bien que certains craignent qu’un tel tribunal ne sape le mandat de la CPI.

Le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine peut porter atteinte à sa réputation internationale, mais ses implications pratiques sont probablement limitées, notamment parce que Moscou ne reconnaît pas la compétence de la CPI et n’extrade pas ses ressortissants. Les responsables russes ont rejeté la décision de la CPI comme «juridiquement nulle et non avenue».