Environnement : les nouvelles ne sont pas que mauvaises

Avec les changements climatiques, la pollution par le plastique et la menace d’une sixième extinction massive, l’humanité a multiplié les gâchis.

Mais quand les humains, les factions politiques et les nations ont décidé de faire front commun, ils ont aussi été en mesure de nettoyer certains des pires problèmes environnementaux causés par l’humanité, comme réparer le trou dans la couche d’ozone,  améliorer la qualité de l’air et sauver plusieurs espèces d’une extinction imminente.

«On peut être bons pour nettoyer nos dégâts, tout dépend de si on choisit de le faire ou non et ce qu’on priorise», a dit la professeure Sheril Kirshenbaum, de l’université Michigan State.

À l’occasion du jour de la Terre, l’Associated Press a demandé à plus de 25 experts ce qu’ils pensent des problèmes environnementaux que l’humanité a tenté de régler.

«Il y a eu des succès extraordinaires, a dit Rob Jackson, de l’université Stanford. C’est facile d’avoir une vision étroite avec tout ce qui va mal et il y a plusieurs choses qui doivent changer rapidement. Mais c’est fantastique de souligner les succès du passé, ici aux États-Unis, mais aussi ailleurs dans le monde.»

Voici les quatre succès qui sont mentionnés le plus souvent.

GUÉRIR LA COUCHE D’OZONE

La réparation du trou dans la couche d’ozone a été, de loin, le premier choix des spécialistes interrogés.

«À ce moment, des pays qui rivalisent habituellement les uns avec les autres ont compris qu’ils faisaient face à une menace commune et ils ont décidé de trouver une solution», a dit par courriel Carol Browner, l’ancienne cheffe de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis.

Les scientifiques avaient découvert dans les années 1970 que certains produits chimiques utilisés notamment pour la réfrigération détruisaient la couche d’ozone qui protégeait la Terre des rayons ultraviolets associés au cancer de la peau.

La couche d’ozone s’amincissait partout, ouvrant un trou au-dessus de l’Antarctique. Cela n’augmentait pas seulement le risque de cancer de la peau, mais aussi celui de cataractes et de changements profonds aux écosystèmes de toute la planète, a rappelé Jason West, un climatologue de l’Université de la Caroline du Nord.

«C’est la première fois que nous avons réglé un problème dont nous étions responsables et qui menaçait la survie de la planète», a dit M. Jackson, de Stanford.

En 1987, les pays du monde ont paraphé le protocole de Montréal, le premier traité en son genre qui interdisait les produits chimiques qui grugeaient l’atmosphère. Aujourd’hui, toutes les nations ont signé le traité et 99 % de ces produits chimiques nocifs ne sont plus utilisés, «sauvant deux millions de personnes du cancer de la peau chaque année», a dit par courriel Inger Andersen, qui dirige le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique a continué à s’agrandir pendant une vingtaine d’années, mais une lente guérison est constatée depuis quelques années. Le PNUE prédit une cicatrisation complète d’ici la fin des années 2030.

Même si le protocole de Montréal représente une belle réussite, le combat contre les changements climatiques est différent. Les compagnies qui produisaient les substances chimiques dangereuses pour l’ozone ont simplement commencé à produire leurs remplaçantes. Mais pour le réchauffement planétaire, «c’est davantage une menace existentielle pour les compagnies d’hydrocarbures», a souligné M. Jackson.

DE L’AIR ET DE L’EAU PLUS PROPRES

Dans la plupart des pays industrialisés, l’air est beaucoup plus propre et plus sain qu’il y a 50 ou 60 ans, quand de grandes villes étaient étouffées par le smog et que les cours d’eau d’eau servaient de dépotoirs.

On calcule par exemple que différentes lois adoptées aux États-Unis ont réduit la prévalence de problèmes de santé comme le cancer ou l’asthme, sauvant des millions de vies et économisant des milliers de milliards de dollars au système de santé.

Le nombre de décès attribuables à la pollution atmosphérique est passé d’environ 95 000 par année en 1990 à 48 000 en 2019.

ÉNERGIE SOLAIRE ET ÉOLIENNE

Le déclin rapide du coût de l’énergie solaire et éolienne, qui ne produisent pas de gaz à effet de serre, surprend les experts et leur donne espoir que la planète puisse se libérer des hydrocarbures responsables du réchauffement climatique.

Entre 2010 et 2020, le coût de l’énergie solaire résidentielle a plongé de 64 % et celui de la production d’énergie solaire à grande échelle de 82 %, selon le National Renewable Energy Lab.

L’énergie solaire «est en train de devenir la technologie énergétique dominante et elle est de plus en plus abordable, a dit M. Jackson. Elle est moins dispendieuse que pratiquement n’importe quelle autre forme de production d’électricité.»

Rares étaient ceux qui pensaient il y a dix ans que le coût de l’énergie solaire ou éolienne glisserait aussi rapidement, ont dit plusieurs experts, qui attribuent ce déclin aux investissements massifs réalisés aux États-Unis, en Allemagne et ailleurs pour combattre la récession de 2018.

ESPÈCES MENACÉES

Le pygargue à tête blanche, le faucon pèlerin, l’outarde et le rorqual à bosse représentent chacun un succès environnemental.

Tous vacillaient jadis au bord de l’extinction et étaient protégés par la loi. Dans certains cas, ils sont aujourd’hui si abondants que certains jugent qu’ils sont nuisibles ou problématiques.

«Les efforts de conservation sauvent certaines espèces menacées, a dit Stuart Pimm, un écologiste de l’université Duke. Nous apprenons comment les protéger.»

Les experts saluent les lois et les règles adoptées à travers le monde pour interdire l’abattage et le commerce des espèces menacées, et pour empêcher la destruction des habitats dont elles ont absolument besoin.

L’interdiction du DDT, un pesticide qui avait des répercussions sur toute la chaîne alimentaire, y est aussi pour beaucoup, puisque le produit fragilisait la coquille des œufs de multiples oiseaux de proie.